sanguini de profundis (w/ kaïden mitchell)

L’Enfer est vaste, assez pour qu’en ces lieux éloignés des cieux subsistent des Êtres et des temples à la fois oubliés et jamais explorés de la communauté démoniaque.

Aussi barbare et excessive puisse-t-elle être, la Veuve Écarlate prône également les secrets et les connaissances antiques permettant la compréhension et la sûreté de l’avenir. Elle fait partie de ces anciens démons dont on ignore les origines avec précision mais ce n’est pas avant la naissance d’Alastair que son influence ne se fait vraiment remarquer. En devenant l’Assassin de la Source, il est devenu le fils prodigue brandissant la bannière ensanglantée de la Veuve dans les plus hauts Cercles de l’Enfer.

Parce que la Veuve, elle, résidait dans les profondeurs recluses, là où les cascades de sang affluaient, nichée comme un parasite dans l’enceinte d’un palais doré souillé par l’hémoglobine.
Alastair a passé les premières années de sa vie dans l’enceinte de cet édifice et son quotidien était à la fois rythmé par un entraînement physique intense et de longues heures passées dans une bibliothèque aux livres maudits et possédés, des récits occultes et des traités ésotériques réunis par les fidèles de la Veuve qui chérissait autant les plaies ouvertes que le savoir. C’est au cours de ces périodes d’érudition que l’hybride avait tout appris au sujet des Cercles Infernaux, de la Hiérarchie, du combat et de l’équilibre millénaire entre le Mal et le Bien, des milles et une façon de corrompre l’espèce humaine… et bien plus encore.

Perché dans ses appartements au sommet du Montrouge, Alastair était plongé dans la lecture d’un parchemin déroulé aux inscriptions mouvantes. Il y reconnaissait des symboles démoniaques mais il lui semblait discerner une forme plus archaïque de l’alphabet démon, et il était trop jeune pour pouvoir avoir ne serait-ce qu’une notion dans la compréhension de ce dialecte archaïque. Il ne pouvait tout simplement pas interrompre la Veuve Écarlate dans la contemplation de son éternelle présence et du faire appel à des traducteurs, des ermites des régions les plus reculées de l’Enfer pour pouvoir se faire une idée de ce que ce parchemin représentait.

Bien sûr, il élimina chaque démons, chaque sorciers et chaque créatures l’ayant aidé dans la compréhension de ce qu’il avait découvert: nul autre que lui ne pouvait être au courant, si tant est que quelqu’un d’aussi fou et passionné puisse prendre le contenu du parchemin pour la vérité.

Ironique, en sachant qu’il a participé à l’assasinat de la précédente Source, qu’Alastair soit aujourd’hui en quête de l’immortalité pour assurer la souveraineté totale de Kaïden. Lui-même dépourvu de ce pouvoir démoniaque, c’est pour son Roi qu’il était à la recherche annexe de cet avantage considérable.
Il se refusait de croire que cette envie était animée par autre chose que son devoir envers le Mal, et pourtant au plus profond de lui l’hybride redoutait que les rumeurs d’un Pouvoir des Trois émergeant soient véritables.

Vêtu de gris de la tête aux pieds dans un manteau long, une paire de lunettes de soleil sur les yeux et une mallette entre les doigts, il avançait l’air sévère à travers le centre-ville en prenant la direction du bar que possède Kaïden. Derrière lui, sur l’autre trottoir et un peu partout dans le bloc sont postés des démons: qu’on s’en prenne à lui ici-même est peu probable, et quand bien même il peut se défendre tout seul. La présence de cet escorte est justifiée par la cargaison de l’Assassin: si quelque chose doit lui arriver, son contenu doit être rendu à la Source.
Mais il arrive au bar sans encombre et les regards se tournent vers lui: certains se demandent pourquoi il rentre par la porte principale au lieu de s’être tout simplement téléporté mais Alastair n’a de comptes à rendre à personne si ce n’est la Source, Kaïden qui se trouve derrière le bar en train de sécher un verre.
Le Noble Sanguin s’approche du bar jusqu’à prendre place sur un des tabourets sans quitter des yeux Kaïden une seule seconde, sans porter la moindre attention à quelqu’un d’autre.
Il patiente, observe le barman servir un client jusqu’à finalement se tourner pour se rapprocher de lui. Aussitôt, Alastair sent les ronces qui entortille son cœur se resserrer, à moins qu’il ne s’agisse des palpitations de son organe “Bonsoir.” tranche le démon en serrant la mâchoire “Lorsque ton trône est vide de ta présence, je sais où te trouver. Et je n’ai même pas besoin de te localiser.” il a l’air de faire la gueule, mais seul Kaïden est en position de percevoir cette esquisse de rictus au coin de ses lèvres “Comment s'est passée ta journée ?” s’intéresse-t-il, en rapprochant ses doigts de la main du barman sans pour autant venir le toucher, pour l’instant. Sa relation avec Kaïden avait réveillé les conséquences de sa part humaine et il est désormais la victime de ce genre d’attention, de besoins; il en vient à faire preuve de certaines civilités malgré l’importance de sa visite.

Habituellement, tenir le bar et faire le service n'était pas une tâche qui lui incombait. Kaïden préférait de loin être celui qui vidait les verres, plutôt que de les remplir. Mais aujourd'hui, il ressentait un besoin étrange, un besoin de simplicité, d'une journée passée comme n'importe quel autre mortel. Il y avait des jours comme ça, où même un être comme lui, hybride et Source du mal, avait envie de relâcher la pression autrement qu'en tuant des innocents à la pelle. Juste pour quelques heures, s'éloigner de toutes ses responsabilités.

En se retrouvant derrière le bar du Asp Hole, Kaïden nota rapidement l'effet de sa présence sur les clients. Peu osaient s'approcher, et ceux qui prenaient leur courage à deux mains murmuraient leurs commandes avec une voix timide, les yeux fuyant son regard comme si un simple verre pourrait leur coûter la vie. Cette crainte, cette terreur palpable l'amusait beaucoup cela dit. Chaque verre qu'il servait était une nouvelle occasion de s'amuser, de savourer à son tour une gorgée en  son honneur. Il savait déjà que la soirée ne serait pas rentable. Pour chaque boisson vendue, il en consommait une, ramenant les bénéfices à zéro, mais il s'en fichait. L'argent n'était plus un souci depuis longtemps et il en avait bien plus qu'il ne lui en fallait.

Alors qu'il observait distraitement la salle, son regard se porta vers la porte d'entrée. L'apparition d'une silhouette familière fit naître une lueur dans ses yeux. Alastair. Son visage s'illumina instantanément, un large sourire étirant ses lèvres. Le démon était bien l'un des rares capables de le faire sourire ainsi, sincèrement. Tout en observant son approche, Kaïden servit un whisky à l'un des habitués, sans même y accorder un regard. L'envie de balancer ce verre au visage du client pour se concentrer plus rapidement sur l'essentiel le traversa, mais il se retint.

« Et bonsoir à toi, bel étranger. » lança-t-il en souriant, ses mains déjà occupées à ajouter des feuilles de menthe à un verre vide. Ses gestes étaient presque automatiques, son attention toute entière captée par le regard intense du brun face à lui. « Oui c'est pas très compliqué, » reprit-il avec un rire léger. « Soit entouré d'alcool, soit entouré de cadavres. Y'a que deux options. »

Il exagérait un peu, bien sûr, sa vie ne se résumait pas qu'à régner, tuer et picoler, ou peut-être que si ? Il ajouta du sucre, des tranches de citron vert et du rhum dans le verre, écrasant le tout avec un pilon avant de le remplir de champagne. « Banale. » C'était bien le meilleur terme pour décrire cette journée. « Sans importance, sans action. Mais je sens que ça va changer... »

Son regard se fit plus intense, détaillant chaque trait du visage d'Alastair comme s'il le redécouvrait à chaque rencontre. Kaïden n'avait jamais osé mettre des mots sur ce qu'il ressentait pour le démon, mais ses yeux, eux, parlaient pour lui, trahissant ses pensées les plus profondes à chaque instant.

Se penchant légèrement au-dessus du comptoir, il laissa la distance entre eux s'effacer, rapprochant son visage du sien avec une intensité palpable.

« Alors ... » murmura-t-il, ses yeux capturant ceux d'Alastair avec une intensité brûlante. « J'imagine que tu n'es pas venu jusqu'ici juste pour me voir et échanger des banalités, non ? Il y a quelque chose que tu veux partager avec moi ? » demanda-t-il, la voix pleine de désir, son regard glissant doucement vers le creux du cou du démon. Bon sang, se retrouver aussi proche de lui lui demander un self-control surhumain. Chaque fibre de son être hurlait de retenue, alors qu'il luttait contre l'envie dévorante qui menaçait de le submerger.

Il aurait aimé croire que la visite d'Alastair n'était motivée que par un simple manque, par un besoin de sa compagnie. Mais il savait que ce n'était pas le cas. il savait en voyant sa tête que c'était autre chose qu'un truc aussi léger qui l'avait poussé à venir jusqu'ici. « En dehors de mon lit bien entendu. » ajouta-t-il avec un clin d'œil complice avant de porter son propre verre à ses lèvres, en savourant une gorgée, puis le tendant à Alastair.

Lorsque Kaïden avait fait son apparition quelques années après la défaite de la Triade, Alastair avait été intrigué: les effluves du mal qui avaient fini par s’immiscer dans la descendance de Melinda, en tachant le bien et les sens moraux, ne l’avait pas laissé indifférent. L’hybride sorcier et être de lumière ne semblait pas éprouver la moindre difficulté à assumer ses penchants humains au contraire d’Alastair: il suffisait de le voir servir ses clients derrière son bar comme s’il n’était pas la Source du Mal. Si Alastair avait cédé à Kaïden le caprice que représente ce bar, le jugement du Noble Sanglant avait changé depuis que Kaïden n’était plus qu’un simple sorcier maléfique mais bel et bien la Source: Alastair jugeait d’un mauvais oeil la façon dont certains démons pourraient ne pas être en mesure de faire la différence entre les deux facettes du barbu -barman, et Source. En d’autres termes, Alastair attendait de pieds ferme et avec un œil de lynx les premières pourritures qui pourraient confondre les services offerts par Kaïden avec de la faiblesse.
Alastair comprenait mieux ce besoin d’identité humaine: lui aussi avait fini par se faire passer pour le directeur d’un Hôtel dans ce monde pitoyable en mettant sa personne au faux-service des mortels. Installé et observant Kaïden préparer un breuvage populaire.

“Et parfois entouré d’alcool et de cadavres.” vient préciser un Alastair moqueur sans se montrer véritablement sérieux malgré son expression. De là où il est il sent la menthe et le citron qui dénotent avec un été sur la fin de sa saison, et le directeur du Montouge fait la moue lorsque son Roi lui révèle s’ennuyer “Tu n’as jamais songé à embaucher quelques Infernaux pour te prêter mains fortes ici ?” Quoique après réflexion, l’idée d’imaginer Kaïden entouré d’alcool, d’incubes et d’autres créatures perverses l’enchantait guère, puisqu’il était un peu plus victime de pics de jalousie depuis plusieurs semaines déjà. Il ose un petit sourire en coin un peu plus prononcé en écoutant Kaïden, en remarquant l’éclat dans ses pupilles et le moindre muscle de son corps en mouvement, ses poils qui s’hérissent, les angles de sa mâchoire et ceux qu’adoptent sa barbe taillée, les articulations de ses bras et de ses phalanges… tout un tas de petits détails sur lesquels Alastair s’attarde au point où il pourrait se mettre à rêvasser “Les journées de mon Roi ne sont jamais sans importance.” se reprend-t-il lorsqu’il voit le visage de l’intéressé se rapprocher dangereusement de lui. Tout ce que l’un ou l’autre avait affaire, c’était hausser la voix pour qu’ils se retrouvent seul, quoi que Alastair n’avait jamais été dérangé un seul instant par un publique, mais en cet instant il doit se faire violence pour ne pas s’abandonner à ses instincts les plus bas.

Haussant un sourcil, il rigole doucement en venant saisir à la fois avec tendresse et fermeté la gorge de Kaïden, en profitant pour caresser sa nuque du bout de ses doigts “Et si j’avais tout simplement envie de me pointer ici à pieds pour échanger quelques banalités avec toi, est-ce que ça serait si banal que ça ?” qu’il lui répond sur le même ton de voix feutré, son regard partagé entre les yeux de l’hybride et ses lèvres charnues. Il s’empare néanmoins du verre, pour en boire une énorme gorge sans que sa soif ne soit satisfaite. Malgré tout, Kaïden est un véritable artiste en ce qui concerne les cocktails et autres boissons terrestres “Que ce soit dans ton lit ou en dehors de celui-ci, y’a plus d’une chose que j’aimerai partager avec toi, ça c’est sûr.” vient-il presque grogner, incapable de rester de marbre ou indifférent au petit jeu de Kaïden.

C’est non sans lui voler un baiser et lui lécher les babines que Alastair relâche finalement la gorge du Roi, sèchement comme pour se retenir d’en faire plus. S’éclaircissant la gorge, il boit une deuxième gorgée du mojito un brin trop sucré à son goût avant de le rendre à Kaïden “J’ai emprunté un parchemin dans la Bibliothèque personnelle de la Veuve, le genre de parchemin qui empêche celui qui le tient entre ses mains de pouvoir se téléporter avec. Une vraie peste.” Alastair vient discrètement tapoter ses doigts sur la mallette qu’il a emporté avec lui. Il ose un regard à droite et à gauche d’eux et baisse le ton de sa voix “J’ai étudié la piste d’un mythe oublié en Enfer, les traces de… quelque chose. Est-ce qu’on pourrait aller parler en privé, à l’égard des oreilles et des yeux indiscrets ?” lui demande-t-il subitement.

Au moins, Kaïden pouvait être certain qu’Alastair n’était pas là par rapport à quelques démangeaisons perverses: il n’aurait pas attendu de se retrouver en privé avec le barman pour le retourner.

Bien sûr qu'il avait déjà pensé à embaucher, le lieu tournait exclusivement grâce à ses nombreux employés, lui n'étant là que pour s'asseoir sur le nouveau trône qu'il s'était improvisé dans le bar qu'il préférait à l'enfer et pour consommer de l'alcool. Un boulot qui lui allait à merveilles. Bien sûr, avec des démons pour faire tourner son commerce, les dérapages étaient fréquents mais le Asp Hole était connu pour ces fameux débordements et c'est ce qui faisait tout son charme. C'était un endroit où chacun pouvait venir comme il est, laisser exploser ses pulsions les plus malsaines sans qu'aucun jugement ne soit fais.

Alastair avait tort sur un point, les journées du roi étaient sans importances lorsqu'ils n'étaient pas présent à ses côtés comme il devrait toujours en être le cas. Kaï ne l'avouerait jamais mais le seul moment où il se sentait entier était lorsque le démon était à proximité. Comme s'il représentait une moitié de lui-même. Penser à de telles choses lui donnerait presque la nausée mais c'est pourtant ce qu'il ressentait.

Lorsque la main ferme et pourtant étonnamment tendre d'Alastair vint saisir sa gorge, Kaïden ne broncha pas. Au contraire, il ferma les yeux un instant, savourant cette prise qui oscillait toujours entre la domination et une étrange forme d'affection. « Non, au contraire rien n'est banal avec toi... » murmura-t-il en ouvrant à nouveau les yeux, ses pupilles brûlantes rencontrant celles d'Alastair. « Mais on sait tout les deux que ce genre de visite n'arrive jamais. »

La relation qu'ils entretenaient n'avait rien de normal, loin du gniangnian des relations entre deux mortels. Entre eux, peu importe le commencement, ça finissait toujours dans le sang et la débauche. Kaïden appréciait ça bien entendu, à n'en pas douter mais peut être qu'un jour, il aimerait que les deux se voient pour partager un bon dîner et un film plutôt que de partir dans une ultime chasse à la sorcière.

Leur proximité, cette tension charnelle vibrante entre eux, tout cela aurait pu déborder d'un instant à l'autre. Alastair n'était pas du genre à jouer la carte de la retenue, et Kaïden encore moins. Son baiser, rapide et possessif, laissa Kaïden sur sa faim mais aussi avec une pointe d'amusement sur les lèvres. « Tu me montreras quelles sont ces choses. » lui lança-t-il sur un ton de défi, ayant tout de même sa petite idée sur ces choses qu'ils souhaitaient partager avec lui.

Le brun commença à lui exposer les véritables raisons de sa venue et Kaïden haussa le sourcil, parfaitement intrigué par ce qu'il entendait. C'était donc ça qui se trouvait dans sa mystérieuse mallette qu'il trimballait avec lui. « Mince moi qui pensais que tu avais un cadeau pour moi dans ta mallette. » Il acquiesça néanmoins à sa demande de discuter dans un lieu un peu plus privé et d'un geste de main, il conjura un démon dans les flammes à ses côtés. « Je sais que je t'avais dis que tu pouvais avoir ta soirée mais changement de plan. Tu tiens le bar ce soir. » Pas une demande, mais un ordre. Un ordre de son patron mais également un ordre de son roi et le démon savait qu'il avait tout intérêt à obéir s'il ne voulait pas finir éparpillé sur le sol.

Il termina le verre qu'il avait partagé avec Alastair et ce fut un son tour de l'attraper par la nuque, ses lèvres se collant aux siennes sans aucune retenue. Des orbes apparurent autour d'eux, les enveloppant doucement avant de retourner dans le néant. Kaïden oublia l'espace d'un instant la fameuse restriction de téléportation. Bon, au moins cela lui avait quand même permis d'obtenir un nouveau baiser, rien de perdu. « Merde j'avais zappé. » Il relâcha sa prise et sauta par dessus le comptoir, attrapant la main du démon pour le traîner en haut des escaliers jusqu'à son bureau. Il claqua la porte derrière eux et referma le loquet pour être sûr de ne pas être dérangé avant de se retourner face aux démons, le regard brillant d'excitation.

L'hybride le poussa avec force contre l'un des murs et vint coller son corps au sien pour l'embrasser avec plus de fougue que précédemment. Il faut dire qu'avec tous ces baisers chastes, il avait besoin d'un peu plus. Il n'avait pas encore pu le saluer comme il se doit. Il laissa ses doigts vagabonder contre son corps, l'empoignant comme s'il lui appartenait. « Bonjour. » redit-il pour bien marquer le fait que c'est de cette façon qu'il voulait être saluer. Il reprit ses esprits pour se concentrer sur la raison de leur isolement qui n'avait rien à voir avec ce qu'il avait en tête.

« Alors, qu'est-ce que tu as découvert et en quoi ça nous concerne, toi et moi ? » demanda-t-il, ses yeux plongeant dans ceux d'Alastair, cette fois avec une curiosité sérieuse.

Il savait que si son amant avait pris la peine de venir en personne avec cet artefact c'est que ce qu'il avait découvert devait être important.

Peut-être que ce genre de visite doit arriver.
Alastair sait qu’il est parfait dans ce qu’il fait: calculateur et observateur, plusieurs pas d’avances, des plans de secours, des crapules à qui faire porter le chapeau à sa place… il a même été jusqu’à participer à l’assassinat de la précédente Source et de l’ancienne Prophétesse pour assurer la souveraineté d’un Nouvel ordre, c’est en tout cas ce à quoi Vesna croyait et ce qu’il voulait assurer en recherchant l’immortalité pour son Roi.
Alastair avait passé tant de temps à refouler sa nature humaine et la simple présence de Kaïden dans sa vie suffisait à fragiliser un sombre rituel.

Malgré l’importance de la situation, la tension entre les deux hommes atteignait son paroxysme lorsqu’ils étaient réunis dans la même pièce. Même les démons autour d’eux, faisant mine de rien, étaient bien perceptibles aux énergies qui se dégageaient des deux bruns. Un baiser torride et langoureux, possessif et imprégné d’une bestialité évidente: c’est tout ce dont Alastair allait se contenter “Si tout se passe comme je l’entends, j’aurais largement le temps de te montrer ces choses et plus encore.” qu’il lui assure en laissant claquer sa langue contre son palet, maudissant le bar entre eux qui sépare leurs corps. Il ne retire pas sa main de la mallette et se contente de hocher la tête au démon invoqué par le Source pour tenir le bar à sa place: ce démon ne lui importe guère, mais il est important de donner quelque chose à quoi ceux en bas de l’échelle peuvent s’accrocher.  C’est au tour de Kaïden de lui agripper la nuque pour entamer un baiser, avec beaucoup plus d’entrain et d’agitation que celui qu’il lui avait décoché plus tôt, assez pour commencer à réveiller certains instincts chez l’hybride démoniaque. Il ne porte pas grande attention à la tentative de téléportation perdue d’avance et préfère se concentrer sur la bouche de Kaïden, mordiller sa lèvre inférieure pour s’enivrer de son odeur. Lorsque le barman le rejoint du bon côté du bar pour le tirer jusqu’à l’étage, Alastair profite vulgairement de la vue, du fait que personne ne peut le voir pour afficher un sourire dégueulasse avant qu’ils ne se retrouvent enfin seuls dans le bureau où la musique bourdonne.

L’Assassin observe chaque mur et chaque angle, en profite pour s’assurer qu’aucun espion dissimulé ne les guette; avant que ce ne soit Kaïden qui le surprenne en se jetant sur lui pour le plaquer au mur et l’embrasser plus fougueusement encore. Alastair pense que les choses vont déraper en cet instant, il le fait comprendre à son Roi en l’attrapant par les hanches, en pressant leurs corps l’un contre l’autre, avant que ses mains ne dévalent un peu plus bas et qu’il frissonne sous les caresses du barman “Hey again.” qu’il répète entre deux coups de langues, en venant recouvrir la mâchoire de Kaïden de baisers.

Ces paroles le ramènent néanmoins à la réalité, Alastair réalise que dans cette accolade propre à eux il en avait fait tomber la mallette. Il se penche pour la récupérer, poser celle-ci sur le bureau pour l’ouvrir au moyen d’un loquet enchanté ne réagissant qu’au sang d’Alastair.
Il tire finalement le parchemin qu’il a étudié depuis plusieurs mois, qu’il a découvert dans la Bibliothèque de la Veuve et avec lequel il a dû se frayer un chemin sur Terre sans pouvoir avoir recours à la téléportation.
Le voyage qu’il avait entrepris pour rendre le parchemin visible et déchiffrable était un exploit à lui seul.
“Ce parchemin fait référence à un trésor oublié des Enfers, une relique sacrée clamée par la Veuve Écarlate lorsque l’Enfer était encore jeune: le Sang des Profondeurs. J’ai pas la moindre idée de ce dont il s’agit mais tous les sorciers, tous les démons et tous les érudits que j’ai approché dans l’étude de ce rouleau se rejoignent sur le même point peu importe leurs traductions: l’obtention de l’immortalité.” il cache sa petite fierté, parce que rien n’est encore gagné d’avance. Il marque une petite pause et se redresse, en laissant Kaï observer les symboles et colonnes enchevêtrées formant des coordonnées et des poèmes “J’ai passé les premières années de ma vie à m’aventurer dans le Palais de la Veuve et ses environs, il y a des chemins et des portes scellées qui continuent de s’enfoncer encore plus profondément dans les Enfers, là le Sanguis de Profundis pourrait se trouver ! Mais comme tu le sais, les Terres de la Veuve sont déjà reculées et proscrites des autres démons qui ne portent pas son allégeance à Elle…” Alastair pouvait aisément faire des allers retours entre le Palais et le reste des Enfers étant la progéniture de cette démone, mais Kaïden même en étant le Roi des Enfers et la Source du Mal ne pouvait pas entraver sur les droits d’un être aussi vieux que le monde et ses strates supérieures. Alastair baisse la tête, enfouit ses mains dans le spoches de son pantalon et se met à sourire tout doucement avant d’extraire une petite boîte carrée en velours noir.

Il plie un genoux au sol et s’agenouille devant Kaïden avant de lui attraper la main.
De déposer la petite boîte entre ses doigts pour qu’ils l’ouvrent en même temps.
Et pour que Kaïden puisse poser ses yeux sur une pierre à peine un peu plus petite qu’une balle de golf.
Rouge et soyeuse, comme si le globe était recouvert du velours d’une pêche, incroyablement chaud au toucher, en proie à des palpitations comme le ferait un cœur.
C’est très soudainement que des paupières s’ouvrent sur le globe pour qu’un œil noire observe avec intensité Kaïden.

Alastair ricane face à la réaction de son Roi en se redressant “C’est un fruit sanguin. Il met plusieurs années à germer et se développer dans le corps d’un jeune innocent ayant perdu tout espoir. Sa culture est très complexe et on ne peut tirer qu’un fruit par victime… Si réussite !” Il referme les doigts de Kaïden sur le fruit démoniaque et se colle un peu plus à lui en soupirant “La légende raconte qu’un Sorcier a créé ce fruit pour tenter de secourir l’âme de son amant enlevé par la Veuve. Il permet à quiconque de s’aventurer sur les Terres de ma Mère sans y avoir été invité.”

La tension entre eux, palpable et brûlante était devenue familière au fil du temps. Chaque regard, chaque geste, chaque souffle partagé était une danse entre domination et abandon. Alors que le démon en face de lui parlait, exposant ses plans Kaïden ne pouvait s'empêcher de sentir un frisson d'excitation et d'anticipation monter en lui. Cette mallette, ce parchemin, et maintenant, cette mystérieuse immortalité, de quoi éveiller au plus haut point sa curiosité pour l'homme qui avait toujours espérer obtenir ce cadeau ultime. Vieillir était inconcevable pour lui, surtout lorsqu'il savait qu'Alastair continuerait de rester aussi sexy à travers le temps alors que lui se flétrirait avant de mourir. Kaïden s'était rapproché du contenu de la mallette posée sur son bureau, son regard captivé par les symboles ésotériques tracés sur le parchemin. Il reconnaissait certaines écritures anciennes sans les comprendre, les ayant déjà entraperçu en enfer. Pourtant, il savait que si Alastair avait passé des mois à les déchiffrer, c'était que cela en valait la peine. Le "Sanguinis de Profundis", une relique qui promettait l'immortalité... L'idée même fit battre le cœur de Kaïden un peu plus fort. L'immortalité était un rêve, une obsession pour beaucoup, mais rares étaient ceux qui osaient réellement la convoiter, car avec elle venait un pouvoir absolu. Et ce pouvoir, Kaïden le voulait tout entier. Et ça, Alastair était prêt à la lui offrir sur un plateau. Peut-être que ces émotions qu'il ressentait à l'égard du brun était réciproque et que c'est pour ça qu'Alastair cherchait à le rendre immortel ? Ou alors il se faisait des films et ses intentions étaient seulement motivés par sa loyauté sans failles à son égard.

Il y avait cependant un hic, les terres de la veuve où se trouvait ce cadeau étaient en dehors de la juridiction de la Source et il ne pouvait s'y rendre sans lui prêter allégeance, une chose qu'il ne ferait jamais puisqu'il n'obéissait qu'à lui-même. C'était ce mantra qui l'avait poussé à renier son héritage bénéfique et les fondateurs, ce besoin de ne devoir de compte à personne d'autre qu'à lui. Il ne se risquerait pas à cette entité bien plus veille que lui. Mais lorsque Alastair s'agenouilla, Kaïden sentit quelque chose de différent. Un geste si inhabituel de sa part -dans ce contexte ci-, si inattendu, qu'il en resta figé, ses yeux suivant chacun des mouvements du démon alors que son cœur s'emballait violemment. Lorsqu'il sentit la boîte en velours noir dans sa main, Kaïden fronça légèrement les sourcils. Que lui réservait encore Alastair ? « Attends mais qu'est-ce que tu fais ? » demanda-t-il sans masquer sa surprise. Est-ce que c'était enfin entrain d'arriver ? Alastair allait enfin faire de lui un honnête homme ? Enfin, honnête, façon de parler. Lorsqu'ils ouvrirent l'écrin, l'emballement du sorcier redescendit subitement, ses yeux toisant la mystérieuse pierre rouge avec un regard interrogateur. Une interrogation qui se transforma en dégoût soudain en voyant l'œil noir s'ouvrir pour le scrutait, comme s'il sondait jusqu'au tréfonds de son âme.

Il écouta les explications sur cet étrange objet. « Un fruit ? J'espère que j'vais pas devoir le manger hein. » Ce n'était qu'à moitié une plaisanterie, il était hors de question qu'il mette cette chose dans sa bouche. Même un simple regard était au-dessus de ses forces et s'imaginer entrain de le tenir dans sa main le répugnait d'avantage encore. « J'apprécie l'attention mais une bague aurait été tout autant appréciée. Comment ça s'utilise ? Si je le garde dans sa boîte dans une des mes poches c'est suffisant ? Non pas que j'ai quoique ce soit contre le fait de tenir des trucs velus et chaud dans ma main comme tu le sais mais ce truc fait un peu flipper. » Flipper était un bien grand mot bien sûr, Kaïden n'avait pas peur de grand chose depuis qu'il avait ce don de renaître de ses cendres mais quand même. « Entant que son fils, tu pourrais juste m'inviter sur ces terres non ? Ou alors on se marie et entant que beau-fils, je pourrai y aller. » Là, ce n'était qu'une vaste blague, sa manière à lui de détendre un peu l'atmosphère bien trop tendu tout en lançant l'idée d'un quelconque mariage entre eux. Kaïden y pensait déjà depuis quelques temps, parce qu'il l'aimait oui, mais aussi parce qu'entant que roi, il se devait d'avoir quelqu'un à ses côtés unis par des noces noires.

« Tu me gâtes. » murmura-t-il, son regard noir plongeant dans celui de son amant. Sa voix était douce mais teintée de détermination. « Tu sais que l'immortalité est la seconde chose que je désire le plus en ce monde après toi, si on réussit, je te garantie que je te récompenserai comme tu le mérites. » Ses doigts se refermèrent fermement sur le fruit démoniaque, sentant sa chaleur pulsante contre sa paume en faisant fi de son aversion pour cette chose. Puis, d'un mouvement fluide, il attira Alastair un peu plus près de lui, leurs corps se pressant l'un contre l'autre, leurs lèvres à quelques centimètres de se toucher. Il l'embrassa de nouveau, un baiser plus intense, plus vorace que les précédents comme pour le remercier de ce qu'il faisait pour lui. Le fruit palpitait toujours entre ses doigts, mais Kaïden n'y prêtait plus attention pour le moment. Tout ce qui comptait, c'était cette tension entre eux, ce désir brûlant et inextinguible qui semblait les consumer chaque fois qu'ils se retrouvaient seuls. Kaïden savourait cet instant, se délectant de la présence d'Alastair, de ses lèvres, de son corps contre le sien.

« On se met en route ?  » Oui, il avait hâte d'entreprendre cette quête aux côtés d'Alastair. « Je ne sais pas si on a besoin d'emmener le parchemin avec nous en enfer mais au cas où il faille y aller sans téléportation, il y a un portail au sous-sol qui mène à ma chambre dans mon palais. J'aurai peut-être dû te le montrer plus tôt. » Ça lui aurait peut-être permis de s'extirper de l'enfer un peu plus facilement s'il l'avait fais.

Etaient-ils réellement entrain d'évoquer la possibilité de se marier ? Cela n'était encore jamais venu sur le tapis, pas alors qu'aucun des deux n'avaient jamais exprimer explicitement ses sentiments à l'autre. Il y avait des actions qui ne trompaient pas, tout ce que Kaïden faisait pour Alastair était une preuve incontestable qu'il tenait à lui et inversement, l'hybride voyait que le démon tenait également à lui. Mais le mariage, même s'il pourrait ne sembler que politique, était une étape bien plus importante de leur relation et Kaï ne savait pas s'il devait prendre le brun au sérieux ou non. Car si tel était le cas, bien sûr qu'il souhaitait s'unir à lui par les liens sacrés d'un mariage noir. Le plus vite possible. D'autant plus si ce mariage lui permettait d'annexer une partie de l'enfer qu'aucune autre Source avant lui n'avait encore possédée. Non pas que l'enfer qu'il possédait manquait d'espace mais l'être de lumière en voulant toujours plus, il n'allait pas cracher dessus, surtout qu'un tel exploit lui vaudrait un respect encore plus grand de la part de ses démons.

La suite des paroles d'Alastair le ramenèrent cependant sur la terre ferme, lui qui avait commencé à rêvasser à propos de ce mariage hypothétique. Leur quête pour l'immortalité ne pouvait pas attendre. « Gardes bien cette idée dans ta jolie petite tête, on en reparlera tout à l'heure. » lui dit-il avec un sourire, ce dernier disparaissant bien vite lorsqu'il approcha le fruit dissimulée sous une autre apparence contre ses lèvres qu'il maintenait bien fermée en retenant une expression de dégoût. Il avait beau avoir l'apparence d'une fraise, Kaïden n'oubliait pas la réelle forme de cette chose qu'il devait consommer pour qu'elle fasse effet. Avec une vraie fraise, ce geste aurait pu être incroyablement érotique mais pour le coup, ça l'était beaucoup moins bien qu'avec le demi-démon, n'importe quoi pouvait lui donner cette impression.

Heureusement, son information concernant le moyen de retourner en enfer sembla réussir à détourner l'attention d'Alastair de ce fruit qu'il cherchait à lui enfoncer dans la bouche et l'hybride lâcha un soupire de soulagement. Kaïden lâcha un léger rire en entendant sa remarque sur le portail qu'il possédait dans le sous-sol du bar et qui lui donnait un accès direct sur sa chambre en enfer. Il comptait bien profiter de cette petite brèche pour taquiner le démon en le piquant là où il savait que ça ferait mal. « Évidement, comment je ferais pour ramener tous les clients qui me draguent ici jusque dans mon lit sinon ? » Bien sûr, c'était un mensonge et en dehors d'Alastair, il ne fréquentait personne et n'en ressentait même pas l'envie, la seule présence de son bras-droit lui suffisait amplement. Ils descendirent ensuite dans les sous-sols du bar pour emprunter ce fameux passage jusqu'au palais infernal et jusqu'à sa chambre. La simple vision de son lit et d'Alastair, complètement seul dans cette pièce lui donna quelques idées mais ce n'était pas le moment de faire une pause, autre chose de bien plus important les attendait.

« Tiens, ça me rappelle vaguement ce que tu m'as dis pendant notre première nuit ensemble. » plaisanta-t-il en ouvrant la bouche pour qu'Alastair y glisse cette fausse fraise. S'il désirait l'immortalité, il ne pouvait pas faire la fine bouche et un tel pouvoir exigeait au moins cet effort. Il l'avala sans réfléchir une seconde de plus et tendit la main aussitôt pour faire apparaître une bouteille de rhum qu'il éclipsa jusqu'à lui et dont il absorba quelques gorgées pour le faire descendre plus facilement. Il avait senti le fruit sanguin reprendre son apparence originel entre ses lèvres, le duvet de cette chose immonde chatouillant son palet avant qu'il ne l'avale en manquant de le régurgiter par simple réflexe.

« Rien que pour le truc dégueulasse que tu viens de me faire faire, c'est toi que je devrais métamorphoser en moyen de transport. » Il rit légèrement en déposant la bouteille qu'il tenait sur le bureau avant de lui attraper la main pour sortir de la pièce en direction du rez-de-chaussée du palais où il maintenait captive certaines bêtes de l'enfer dont le fameux dragon qui les conduirait jusqu'aux confins de ses terres. « On va y aller en volant, ça sera bien plus rapide. Pour la balade romantique, on pourra toujours se faire ça au retour, quand je n'aurai plus à m'inquiéter de voir ma peau s'affaisser et des rides apparaître. » Il n'était pas réellement superficiel -pas réellement- mais son apparence physique comptait énormément à ses yeux et pouvoir conserver ce corps de trentenaire pour l'éternité n'était pas quelque chose qu'il souhaitait remettre à plus tard, pas depuis le temps qu'il attendait ça. C'est à dire, depuis le premier et seul cheveux blancs qu'il avait vu sur son crâne il y a quelques années déjà. Il faut dire qu'avec une famille comme la sienne et les drames vécut, il avait eu de quoi s'en faire quelques-uns.

Ils arrivèrent face au dragon qui, heureusement pour eux, était suffisamment apprivoisé pour reconnaître la légitimité de la Source et son autorité sur lui. En guise de respect, il se baissa face à lui pour permettre au couple infernal de monter entre ses ailes pour les emmener à leur destination. En grimpant, Kaïden en profita pour offrir une caresse à l'animal qui plissa les yeux sous son geste. « J'fais quand même un bien meilleur roi des dragons que cette Daenerys je trouve. » Il se positionna derrière Alastair, enroulant ses bras autour de son corps et laissant sa tête se reposer contre ses omoplates. Il n'allait pas passer à côté d'une nouvelle occasion de se serrer contre lui. « Je te laisse gérer le voyage jusqu'aux terres de ta mère. »

Alastair avait ses théories, à moins qu’il ne s'agisse que de fantaisies nées en même temps que ses sentiments envers Kaïden: peu importe les efforts qu’il avait mit en place pour garder sa part d’humanité à distance, il n’avait fallu que de quelques missions à travers le pays, des massacre en tous genre et de la débauche aux quatre coins du monde pour que Alastair flanche. Peu importe ses conquêtes et ses amants au cours de ses trois siècles de vie, rien n’était comparable au brasier que propageait Kaïden au plus profond de son être.  Il se rassurait en se disant que l’influence de la Source du Mal était fondamentalement plus puissante qu’un rituel visant à l'endormissement des émotions, cette éventualité lui convenait mieux plutôt que de s’avouer dépendant et accroc au barman.
Qui n’était pas qu’un simple barman et pas seulement son Roi.
Même s’il ne s’agissait pas d’une mauvaise chose pour sa part humaine, sa part démoniaque était comme en proie à la honte de ses sentiments malgré l’éducation infernale en tant que fils de la Veuve.
Alors, bien sûr que l’idée d’un mariage n’allait pas quitter son cerveau; mais pour l’heure ils avaient une autre mission sur les bras, et la réussite de celle-ci serait un bon prétexte pour unir la Source au fils Consort de la Veuve. Sa mère l’avait bercé de rêves d’alliances et de mariages, d’un Enfer plus puissant et plus glorieux, et si Alastair avait toujours assimilé union avec devoir, ce n’était plus vraiment le cas depuis qu’il avait rencontré celui qu’il considère aujourd’hui comme son âme-sœur.
Alastair demeure de marbre lorsque Kaïden vient mentionner certains amants qu’il peut aisément ramener dans son lit et entre ses cuisses par le biais du portail: l’Assassin sert un peu les dents, mais n’est pas dupe.
Lorsque sa jalousie a commencé à frémir, il a été jusqu’à envoyer un incube tenter Kaïden dans son bar, afin de savoir où il devait se situer dans cette relation. Lorsque l’incube était revenu bredouille, déçu de ne pas avoir reçu les faveurs de la Source, Alastair avait été secrètement heureux et cette révélation qui l’avait encouragé à tripler ses efforts, ses attentions et sa vigueur en tant qu’amant.
Aussi, ils étaient plus d’un démon vexés qu’Alastair leur refuse désormais ses prouesses sexuelles “Noté. j’imagine que je vais devoir engager quelques espions et partir trancher certaines têtes donc.” plaisante-t-il dans sa réponse, sans honte de faire sous-entendre sa jalousie et sa possession à son égard.

L’avantage, c’est que l’existence de ce portail leur permet de gagner un temps fou plutôt que de rejoindre l’un des nombreux accès tenus secrets à travers le pays. Alastair se sent aussitôt plus à l’aise en Enfer plutôt que nul part ailleurs, même Kaïden retrouve la raison, prend sur lui, et parvient à ingurgiter le fruit sanguin -non sans faire apparaître une bouteille d’alcool. Alastair sourit à sa remarque et vient tapoter sa joue barbue “Good boy. Je fais déjà office de trône la plupart du temps, tu veux en plus de ça que je devienne ton sombre destrier ?” ironise-t-il avec un large sourire et en l’attrapant par les hanches: le besoin de rester coller à lui était quasi viscéral.
Ils se rendirent jusqu’à la fosse aux dragons et Alastair observa silencieusement le spectacle de la bête répondant respectueusement à l’appel de la Source. Bien sûr que Alastair avait fait des efforts: en apprenant des recettes humaines pour satisfaire les papilles de son Roi et en s’instruisant énormément sur la culture et la pop-culture du monde moderne: bien sûr que Kaïden lui avait fait binge l’intégralité et Game of Thrones et le démon sanguin se contente de hausser les épaules avec nonchalance “Je trouve aussi. Je l’ai jamais vraiment aimé de toute façon, j’ai toujours été team Mélisandre. Ou Margaery.” sans Kaïden, jamais Alastair n’aurait osé s’intéresser aux richesses humaines. Grimpant sur le dos du dragon en s’aidant grâce à la gigantesque selle en cuir, Alastair n’a aucun mal à trouver son point d’accroche et frissonne lorsqu’il sent les bras du barman s’enrouler autour de son torse “Serres moi fort.” et il ne faut pas bien longtemps pour que le dragon se mette à avancer jusqu’à la sortie de cette caverne située sous le Palais de la Source, pour qu’il prenne son envol dans un ciel rougeoyant en proie à des éclairs divers.

Il faut traverser plusieurs paysages hostiles et magnifiques à leurs façons pour pouvoir atteindre les Terres Ensanglantées: au cas où ils auraient raté leur arrêt, le dragon le leur fait comprendre puisqu’il finit par s’agiter et gémir dans le ciel.
Alastair le guide vers le sol pour qu’il entame sa descente et les dépose finalement au bord d’une rivière de sang “Tu devrais lui intimer de retourner au Palais, ce n’est pas un endroit très sûr pour un Dragon par ici.” et d’une certaine façon, outre son amour pour Kaïden, Alastair tenait également aux créatures infernales “Bien, il nous suffit de suivre la rivière jusqu’à atteindre la cascade qui irrigue la Citadelle Ensanglantée en contrebas.” Ils avaient fait plus de la moitié du chemin jusqu’à la Citadelle et n'avaient pas encore rencontré de difficultés, il s’agissait même d’une balade dans un parc: mais lorsque les forces de la Veuve en viendront à comprendre les intentions de ce duo, ils devront faire face à certaines résistances “En ce qui concerne… Notre mariage. N’aimerais-tu pas que ta sœur jumelle soit présente avec nous ?” il ne pouvait pas avoir ne serait-ce qu’une idée de ce qu’un lien entre jumeaux pouvait faire ressentir lorsqu’il est question de conflit et de camps opposés “Et qu’en est-il du reste de ta famille ?” loin de lui l’intention de vouloir remuer un couteau dans la plaie, mais il avait rapidement compris l’importance humaine du mariage aux yeux de Kaïden et tenait à ce qu’il ne s’agisse pas que d’une union diplomatique pour le Trône.

Par chance, lui n'avait aucun membre de sa famille à convier.

Un léger sourire étira ses lèvres en entendant la remarque d'Alastair, qui préférait Margaery et Mélisandre à Daenerys. Évidemment, pensa-t-il. Il n'y avait rien d'étonnant à ce que le démon ait une préférence pour les plus sournoises et manipulatrices des personnages. Leur relation était empreinte de cette même complexité et ambiguïté, un jeu de pouvoir autant qu'un lien intime.

Kaïden était assis bien calé sur le dos du dragon, ses bras fermement enroulés autour d'Alastair. Il appréciait cette proximité, ce contact constant qui semblait à la fois l'apaiser et l'enflammer. Le brun n'avait pas besoin de lui demander de le serrer fort, c'est déjà ce qu'il comptait faire, aucune chance qu'il rate cette occasion bien que pouvoir le prendre dans ses bras était une chose qu'il pouvait faire à tout instant. Le vent chaud de l'Enfer battait son visage, les paysages défilant à une vitesse vertigineuse alors qu'ils survolaient rivières de lave et montagnes en feu. Kaïden, bien qu'habitué à ce décor, trouvait toujours quelque chose de fascinant à l'observer depuis cette hauteur. Le dragon se mouvait avec aisance dans le ciel déchiré d'éclairs, créant une sensation d'euphorie mêlée à l'appréhension de ce qui les attendait.

Lorsqu'ils atterrirent enfin près de la rivière de sang, Kaïden désigna d'un geste souple à la créature de retourner au palais et le dragon obéit sans hésitation. L'être de lumière l'observa disparaître à l'horizon. Ils étaient désormais seuls dans un territoire hostile, où le moindre faux pas pouvait être fatal. Mais il n'avait pas peur. Pas ici, pas aux côtés de l'homme qu'il aimait. « J'suis pas sûr non plus que ça soit en endroit pour moi. » surenchérit-il à sa remarque.

Il suivit le regard de son compagnon vers la rivière de sang qu'ils devaient remonter jusqu'à sa source, leur destination finale. Son esprit, cependant, fut encore troublé une fois de plus par ce que son bras droit vint à ajouter.

Le mariage. Cette idée revenait de plus en plus depuis tout à l'heure, s'immisçant dans ses pensées. Ses doigts se crispèrent légèrement sur le bras d'Alastair qu'il venait d'agripper alors que la question de sa sœur et du reste de sa famille résonnait dans l'air. Évoquer sa jumelle n'était jamais facile, surtout depuis qu'ils avaient choisi des chemins si différents, chacun se battant pour des causes opposées. Leur lien était inaltérable malgré tout, mais les conflits familiaux avaient profondément marqué leur relation.

« Ma sœur ... » murmura-t-il, son ton un peu plus froid que prévu. « Bien sûr que j'aimerai qu'elle soit là, et je pense même pouvoir réussir à la convaincre d'y assister. » Elle avait beau être bénéfique, les deux entretenait encore un semblant de relation et elle ne raterait sûrement pas le mariage de son frère jumeau. Penser à elle serra quelque peu sa poitrine cependant. De tous ceux de sa famille, c'était bien elle qui comptait le plus à ses yeux et le fait que leur destinée les mène maintenant vers deux voies différentes et littéralement opposé lui faisait plus de mal qu'il n'aurait voulu l'admettre. Mais la vérité, c'est que l'idée de la confronter lors d'un tel événement le rendait nerveux. « Quant au reste de ma famille, ils peuvent bien brûler pour l'éternité dans les flammes, je m'en contrefous. Ils ont décidés de me renier même si j'ai toujours refusé de m'en prendre à eux malgré mon côté maléfique alors c'est peut-être exactement comme ça qu'il faudrait que je me comporte envers eux : comme l'ennemi qu'ils voient en moi. » Il laissa échapper un léger rire amer.

Le contraste entre sa propre histoire familiale et celle d'Alastair était frappant. Alastair, fils de la Veuve, avait toujours baigné dans les intrigues infernales, nourri par un héritage millénaire. Kaïden, lui, avait dû survivre à des trahisons humaines, des pertes et des combats internes bien plus fragiles que ceux d'un démon. Il tourna la tête vers l'hybride, scrutant ses traits sombres mais terriblement séduisants. « Mais si on doit vraiment se marier un jour, je ne veux pas que ça soit juste une affaire de politique infernale. C'est pas seulement une question de pouvoir ou de territoire. C'est... » Il hésita quelques instants, cherchant les bons mots pour terminer sa phrase. « Toi et moi. C'est ça qui compte le plus, je me fiche de tout le reste. »

La rivière de sang brillait sous leurs yeux alors qu'ils commençaient leur marche vers la cascade, Kaï agrippant toujours au bras d'Alastair. Outre le danger qu'ils rencontreraient sûrement en chemin, l'hybride ne pouvait s'empêcher de penser à ce qui les attendait là-bas. L'immortalité. Un rêve qui était presque à portée de main, enfin.
Il lâcha un soupir tandis qu'ils marchaient le long de la rivière de sang, son regard plongé dans l'immensité des terres infernales qui les entouraient. Le sol crissait sous leurs pas, ses chaussures s'enfonçant légèrement dans la terre brûlante. L'atmosphère était lourde, imprégnée de souffrance et de malveillance, mais cela ne le dérangeait pas. C'était propre à l'enfer.

Il serra un peu plus fort le bras d'Alastair, cherchant un peu plus de chaleur dans ce contact. Malgré l'environnement impitoyable, malgré les enjeux colossaux, Kaïden se sentait étrangement en paix en cet instant, comme s'il avait trouvé, avec cet homme, une sorte de refuge qu'il n'avait jamais eu auparavant.

Un cri strident fit écho jusqu'à eux et le sorcier se raidit en cherchant autour de lui la source de ce bruit, en alerte. Il venait de lâcher le bras de son amant et une boule d'énergie violette se matérialisa dans le creux de sa main presque instinctivement, prêt à l'envoyer contre quiconque surgirait face à eux. « Comme on est sur le territoire de ta mère, j'imagine que tu as un certain contrôle sur les créatures qui y résident non ? D'ailleurs, tu sais de quel genre de créature provient ce cri ? » Il n'y avait aucune peur dans sa voix, Kaïden n'était pas impuissant, même ici, il conservait la totalité de ses pouvoirs et c'était bien suffisant pour terrasser un potentiel ennemi mais s'il pouvait éviter, c'était bon à prendre. D'autant plus que dans cette partie reculée de l'enfer, sa domination sur les êtres infernaux n'existait plus.

Leur destination semblait encore si lointaine...

Un second bruit retentit et Kaï sursauta avant d'envoyer la boule d'énergie qu'il tenait contre un rocher sur sa gauche, ce dernier explosant contre l'impact mais ne révélant aucun danger. Un léger sentiment de honte s'empara alors de lui et il préféra éviter le regard d'Alastair. C'était loin de l'image de Source qu'il souhaitait se donner, de sursauter au moindre bruit comme il venait de le faire. Il se racla la gorge. « Aucun commentaires ou la prochaine est pour toi ... » C'était du bluff et l'un comme l'autre le savait, jamais il ne l'attaquerait.

Alastair en était venu à séparer sa longue vie en deux grandes étapes: son passé, et l’Après Kaïden.
Telle une comète rougeoyante, il savait qui il était, n’avait aucun doute sur sa personne et sa grandeur, mais le Source du Mal avait définitivement changé sa trajectoire. Il n’avait parlé à personne de ce qu’il ressentait et au fil du temps, en réalisant la réciprocité des sentiments il réalisa qu’il n’avait que faire de ses états d’âme: il est Alastair, fils de la Veuve, et s’il désirait quelque chose il se contentait de prendre.
Il savait que Kaïden aspirait plus que tout à l’immortalité, et en lui faisant ce cadeau Alastair espérer gravir d’avantage les échelons dans l’estime et les priorités de Kaïden.
Par chance, il ne laissait pas vraiment paraître son côté trop attaché et dépendant.
En marchant à ses côtés aux bords de la rivière de sang, il remarquait que le paysage changeait pour devenir de plus en plus humide et chaud, similaire à une forêt tropicale. Des touffes d’herbes sombres et grises se faisaient même voir ça et là. Il s’arrête et attrape le visage de Kaïden lorsque celui-ci remet en question la légitimité de sa présence sur ce chemin “Tu es la Source. Tu as tous les droits d’arpenter chaque recoin de l’Enfer. D’autant plus lorsque tu fera de moi ton promis.” son degré de puissance ne serait pas similaire à celui de la très territoriale Veuve, mais leur union accorderait à Kaïden une force supplémentaire. Aussi sournoise et étrange la Veuve puisse-t-elle être, elle n’avait jamais nourri la moindre ambition à l’égard des Sources qui se sont succédé.
Il y avait bien une légende remontant au quatorzième siècle selon laquelle une Source était partie en conquête des Terres Ensanglantées, mais l’histoire n’offre aucune suite et aucune réponse à ce qui est arrivé ensuite aux troupes infernales lorsque celles-ci descendirent la cascade pour atteindre la Citadelle.

L’interroger sur sa famille avait été plus fort que lui: son rapport avec sa mère n’avait rien d’une relation familiale comme on pourrait l’entendre, même chez les démons “Je suis désolé, je ne veux pas te peiner. Tu as une famille très nombreuse et très… dysfonctionnelle, mais je sens que certaines choses sont importantes pour toi. Je veux m’assurer que tout se passe bien et en accord avec tes souhaits.” et il vient déposer un baiser sur son front en le serrant un peu plus contre lui “C’est toi ma famille.” lui souffle-t-il à l’oreille. Tamora était de loin la seule priorité et exception que Alastair faisait à l’égard de la famille de son homme. En ce qui concerne le reste, ses pulsions lui intimait d’aller tenter un massacre chez les Descendants, et malgré la certitude dans les paroles de Kaïden, Alastair se demandait si leur anéantissement était la meilleure chose qui puisse arriver à Kaïden, ou la pire “Si tu as besoin d’assistance pour que Tamora nous rejoigne, je serai heureux de t’aider.” Il n'allait pas l’avouer à Kaïden: mais Alastair avait déjà observé la jumelle sur Terre, et avait plus d’une fois ressenti le besoin de l’approcher sans jamais franchir le cap. Au-delà de la sécurité de ramener Tamora auprès des Enfers, Alastair tenait à ce que Kaïden soit entouré des personnes qui lui sont à la fois chères et fidèles “Quand remonte la dernière offensive des tiens à ton encontre ? Nous devons nous montrer rusés, et diplomates avec cette engeance.” en d’autres termes: Kaïden devrait lui reléguer la charge, faire appel à son Assassin.
Il sourit presque bêtement et silencieusement en écoutant la suite, toujours ravi et impressionné de réaliser à quel point ils étaient tous les deux en phase et en harmonie dans leurs chaos communs “Ce n’est plus qu’une question de devoir et de politique pour moi non plus, pour cette raison je tiens à ce que ce jour soit le plus beau de toute ta vie.” il avait appris qu’il s’agissait là de ce à quoi la majorité des êtres humains aspiraient pour être heureux “Je me fiche du reste aussi, je tiens à ce que tu sois comblé. Que ce soit avec moi, et le reste de ton entourage.” Il caresse sa joue, va en révéler davantage avant d’être interrompu par ce cri qui déchire l'atmosphère.
La récréation sonnait à son terme pour les deux lovers.

Alastair respectait sa mère en tant qu’entité et cette dernière avait diminué ses interactions avec le monde physique depuis la naissance d’Alastair qui résumait toutes ses ambitions: la Veuve s'était plongée dans un profond sommeil après que Alastair ne soit parti à la conquête de sa vie; mais ses agents demeuraient actifs “Un certain degré oui. Tant que nous ne violons pas les limites imposées par la Veuve.” blasphème qu’ils allaient devoir commettre dans la quête du Sang des Profondeurs, à en croire le parchemin.
Sur leurs gardes, Alastair entaille par précaution ses poignets pour matérialiser plusieurs dagues de lancer prêtes à fendre leurs cibles.
Il se retourne en entendant la détonation causée par la boule d’énergie de son Roi et lui affiche un rictus narquois “Je préfère jalouser et garder pour moi ce genre de moments.”

C’est sur un tapis de mousse rouge qu’ils finissent par marcher, l’air enveloppé dans une brume rougeâtre “Le bord de la cascade. On y est presque !” il avait presque l’air excité. Pressant le pas avec le bruit des chutes qui bourdonnent dans ses oreilles, Alastair ne tarde pas à arriver au bord du vide, au bout du vaste monde contrôlé par Kaïden pour qu’une vision idyllique et étrange ne fasse pétiller ses yeux: en contrebas se trouvait un gigantesque marécage ensanglanté, vaste et s’étendant à perte de vue sous un ciel sanguinolent.
En son centre trônait Yzs, la Citadelle.
Un bâtiment doré et souillé par le sang, à l’architecture à la fois gothique et tentaculaire s’étendant et se hissant par de nombreuses tours pour donner l’impression que la Citadelle était une véritable couronne abandonnée dans des terres hostiles.
C’est un large sourire qui déchire le visage d’Alastair lorsque Kaïden finit par le rejoindre à ses côtés pour contempler ce lieu sacré “Je ne suis pas revenu depuis…” depuis plus de trois cents ans.
Certaines choses avaient assurément changé en son absence. Il serre Kaïden un peu plus contre lui.

La contemplation de ce point de vue le fit baisser sa garde, mais ses instincts furent en éveils à la perception d’un élément à la périphérie de sa vue, là où précédemment Kaïden avait déchargé sa boule d’énergie.
La roche qu’il avait fait exploser c’était fragmenté en plusieurs morceaux, ces mêmes morceaux se révélèrent être composé d’une chair rouge à l’intérieur qui avait commencé à saigner pour former une flaque, de laquelle émergea la silhouette osseuse et complètement décharnée d’un cadavre gémissant et rampant dans leur direction, attiré par leurs énergies vitales “Comme quoi, tu avais vu juste en t’en prenant à cette roche.” sourit et le rassure Alastair, en observant cet ennemi de bas étage inspirant davantage la pitié que la peur pour des êtres comme eux “Tu veux le finir comme il se doit ? Je te laisse l’honneur d’accorder la sérénité de l'existence pour cette âme en peine.” la Veuve était cruelle: les escrocs et les menteurs, les déloyaux subissaient le prix de sa rancœur.

Dysfonctionnelle oui, c'était le terme parfaitement adapté pour décrire la famille Halliwell. La famille avait toujours été unie par le passé, les trois sœurs y veillant mais à leur disparition, les valeurs de ces dernières s'étaient un peu perdues et c'est là que Kaïden avait décidé de se faire passer en priorité à la place des innocents. Face à son chagrin et à sa haine pour les Fondateurs qui les avaient laissé mourir, il n'avait fallu qu'une simple tentation de la part d'Adonis pour que le jeune embrasse à pleine bouche le mal, comme si cette nature avait toujours fais partie de lui.

Le fait qu'Alastair propose son aide pour rallier sa sœur à l'enfer lui fit chaud au cœur mais il préféra refuser cette proposition, préférant s'occuper lui-même de la convaincre de le rejoindre. Le chemin ne serait pas facile, il le savait, d'autant plus que tout le reste de la famille était dans le camp du bien mais qu'est-ce qui était facile dans sa vie de toute façon ? Une chose : sa relation avec le demi-démon. Avec lui, tout était tellement simple, comme une évidence et c'est l'une des nombreuses raisons qui lui faisait adorer le temps qu'ils passaient tout les deux.

« Ils n'ont encore jamais rien tenté à ce jour … mais je n'étais pas encore la Source alors maintenant, je pense qu'un combat entre nous est inévitable. Je suis heureux de savoir que tu seras à mes côtés à ce moment là. » Ses mots étaient sincères mais une part de lui ne désirait pas leur faire de mal. Ce qu'il aurait voulu plus que tout, c'est qu'ils puissent coexister pacifiquement, se mêlant chacun de ses propres affaires mais ça n'arriverait jamais. Sa famille était destinée à combattre la Source du Mal depuis toujours, c'était un fait.

« Oui, j'approuve, garde bien pour toi le fait que le roi de l'enfer a sursauté face à un rocher. » Il rit légèrement avant de s'approcher d'Alastair et se pencher par dessus le précipice donnant sur la cité. Elle était magnifique, à sa façon mais Kaïden préférait quand même son palais qu'il avait remanié à son image, en faisant presque un lieu où il faisait bon vivre même si ça ne valait rien comparé à la ville de San Francisco qui avait une place plus importante dans son cœur que ce monde infernal. Il remarqua le regard qu'avait le démon sur la cité et lui prit doucement la main comme pour le soutenir. « Si c'est trop difficile pour toi de revenir ici, dis moi juste quoi faire et je m'en chargerai seul. »

Il préférait de loin être accompagné de quelqu'un qui connaissait les lieux mais s'il pouvait éviter à Alastair de ressentir des choses ou penser à d'autres de déplaisantes, il pouvait très bien s'y aventurer sans lui. Sa préoccupation première était le bien-être du brun, ça passait même avant son besoin d'immortalité.

Les grognements a proximité lui firent détourner le regard du bâtiment en contrebas. Il observa la silhouette décharnée qui rampait péniblement vers eux, rassuré de voir qu'il n'était au final pas juste un peureux et que son intuition visait juste. Un frisson parcourut son échine, non pas de peur, mais de dégoût teinté d'empathie pour ce monstre de toute évidence inférieur à lui. Une très faible empathie néanmoins, faut pas pousser non plus.

Un sourire s'étira sur ses lèvres en entendant les paroles d'Alastair. « Trop aimable, faudrait surtout pas tâcher tes beaux habits hein. » répondit-il en lui accordant même une petite révérence avant de tendre la main sur la créature. Des filaments d'énergie vinrent serpenter entre ses doigts avant de se rassembler dans le creux de sa main, prêts à être libérés. Il prit un moment pour contempler l'âme en peine, rampant péniblement jusqu'à eux. « Il n'a pas l'air très dangereux, ça m'attristerait presque de devoir l'éliminer. Oui, presque. » Et sur ces mots, il projeta un faisceau de magie avec précision, frappant la créature de plein fouet. Un cri strident résonna, puis le silence retomba en même temps que son cadavre fumant.

Kaïden resta un moment immobile, observant la créature inerte avant de détourner le regard vers l'horizon sanglant, là où la citadelle se dressait, majestueuse et impitoyable. Il inspira profondément, une étrange sensation d'excitation mêlée à l'appréhension envahissant son être. Il sentit alors une vive douleur contre son mollet et fit un petit saut pour s'éloigner de quelques pas. « Bordel de merde ! » En se retournant, il aperçut le monstre, ce dernier se relevant alors comme si la décharge de magie avait en fait amplifié sa force. Il passa ses doigts contre son jean troué, vérifiant la profondeur de sa blessure qui, par chance, ne semblait être qu'une égratignure. « Ce jean m'a coûté plus de 1000 dollars. » Oui, son pantalon l'importait plus que son mollet sanguinolent, et alors ? Il porta ses doigts sanglants contre ses lèvres pour les nettoyer, comptant sur Alastair pour achever cette vermine.

Alastair avait beau être d’une nature très solitaire, il était pourtant issu d’une famille très nombreuse.
La Veuve avait enfanté un nombre de créatures incalculable depuis des temps immémoriaux et malgré l’imperfection et l’impureté de ceux-ci, Elle gardait tous ses enfants auprès d’elle sur les Terres Ensanglantées. Grossiers, sinistres et monstrueux, ils sont aujourd’hui geôliers, marcheurs, jardiniers, prêtresses, bourreaux, gardiens… la population d’un royaume toujours saignant. Au contrario de son Roi, il n’y avait pas de discordes et de querelles familiale au sein de la Dynastie Sanglante, chaque enfant évoluant dans la même marre de sang fluide et homogène: Alastair était même capable de faire momentanément apparaître ces créatures qui répondaient fidèlement et avec loyauté à ses demandes “Je serai toujours à tes côtés. Surtout si c’est pour massacrer quelques opposants, peu importe leurs provenances.” Bien sûr qu'une Trêve, un semblant d'équilibre entre le Bien et le Mal conviendrai aux deux camps, mais cette idée d'équilibre ne perdurait jamais assez longtemps: un camp finissait toujours par empiéter sur l'autre, et Alastair n'avait pas les connaissances nécessaires aux calcules visant au meilleur résultat.
Tuer se révélait bien plus facile.

“Tu rigoles ? Hors de question que je te laisse aller là-bas tout seul ! Et puis… Je suis heureux de revenir.” il n’a jamais ressenti ce besoin de “rentrer à la maison” depuis que sa Mère l’avait jeté dans le monde. Il avait fait de l’humanité son terrain de jeu, prenant part à des complots, participant à la construction de villes et la destruction d’autres, voyageant d'états en états, de pays en pays puis d’un continent à l’autre.
Yzs était à la fois monstrueuse et intimidante, mais pour un être infernal comme Alastair il y avait une beauté évidente en ces lieux: une opulence macabre, naître ici revenait à pouvoir voir les ténèbres briller. Outre les créatures sauvages, il y avait aussi des êtres paisibles et curieux qui pourraient les aider, et la Citadelle recelait de nombreux trésors qui pourraient leur servir dans leur quête.
Il n’a pas davantage de temps pour s'épancher sur ce qu’il ressent par rapport à cet endroit où il est né, puisque l’une des nombreuses entités pigées vient s’en prendre à eux. Il est presque rassuré d’entendre qu’il n’est pas le seul à éprouver une certaine dose de pitié pour le cadavre et ricane en entendant les paroles de son amant sur ses vêtements “Oh c’est vrai, tu préfères quand mes beaux vêtements sont au sol pas vrai ?” plaisantant qu’à moitié en voyant propulser son énergie contre l’ennemi.
Puis il remarque cet éclat dans les yeux de Kaïden qui se détourne ses yeux sur la Citadelle: ses tours d’or scintillantes et similaires à de longues épées aux lames pointées vers les cieux, les arcs voûtés, les vitraux colorés…
Alastair à son tour détourne ses yeux du visage de Kaïden pour observer Yzs, tendant l’oreille lorsqu’il a comme l’impression d’entendre quelques murmures lointains et inaudibles dans l’arrière de son crâne.

Il s’agit de l'inattention nécessaire pour que le cadavre ne resurgisse, venant s’en prendre au mollet de l’hybride. Ses sens en éveil, Alastair vient matérialiser entre ses mains un puissant marteau qu’il vient abattre sur le crâne de la créature -qui roule insidieusement sur le côté pour éviter le coup en extirpant de sa gorge ce qui pourrait presque ressembler à un rire narquois. Serrant les dents et fulminant, Alastair laisse le marteau disparaître dans une flaque de sang en serrant les poings “Je te rachèterai un jean. Mais je te préfère sans.” qu’il place malgré lui, l’air sérieux signe qu’il ne plaisante pas, sans quitter le cadavre des yeux pour s’en rapprocher, formant entre ses doigts plusieurs dagues affûtées mais la cadavre aux airs si vulnérable semble se montrer de plus en plus insidieuse et résistante: en enfonçant ses mains dans la mousse pour que ses longs bras viennent se matérialiser autour d’une jambe d’Alastair, lui griffant cuisse et mollet, déchirant à son tour son pantalon costume et en cherchant à le tirer dans le sol, l’ayant déjà enfoncé juste en dessous des son genoux. Il vient hurler férocement en se débattant, parvenant sans grand mal à échapper à cette emprise et à remonter à la surface, la jambe saignante et le pantalon gris déchiré “Je commence à en avoir sérieusement marre de cette merde.” et pour le coup, la moindre once pitié qu’il avait pu ressentir plus tôt avait complètement disparu.

Il cesse le saignement de sa jambe en figeant l’hémoglobine à sa carne et ses poils, avant de se retourner vers Kaïden, rassuré de voir que sa blessure n’était que superficielle “On aura de quoi se soigner et reprendre des forces au sein de la Citadelle.” parce qu’il n’y avait pas que des monstres agressifs et des créatures sournoises à Yzs: ils étaient à peine à l’entrée des terres sauvages et étaient naturellement confrontés aux prisonniers que la Veuve punissait en les scellant à la frontière du reste de l’Enfer qui a bel et bien l’allure de la salvation pour ceux qui osent La trahir “Bon, en ce qui concerne cette chose…” Il vient faire un pas en arrière pour mettre Kaïden en avant, non sans venir matérialiser de son côté un fouet épineux “Tu veux qu’on essaie de se le prendre en doublette ?” l’heure de la pitié avait cessé, cette erreur de la nature les ayant déjà trop ralenti à son goût. Il avait l’impression que ce cadavre libéré de la roche gagnait en intelligence à mesure que les secondes défilaient et qu’il attendait que les deux hybrides attaquent pour réagir avec vilénie.

Kaïden observa les mouvements de la créature, la lueur d'excitation dans ses yeux se transformant en une expression plus concentrée. La patience n'était pas son point fort, loin de là et ce cadavre squelettique commençait à lui taper sur les nerfs. Il se redressa légèrement, le visage fermé et sérieux, tout en écoutant Alastair parler. Un sourire amusé lui échappa à la mention de ses vêtements qu'il préférait nettement voir sur le sol. Alastair avait ce don pour pervertir à sa manière n'importe quelle situation, même celle-ci, où les deux étaient en train de se faire ridiculiser par une créature à moitié morte. « Évidement. Mais pas sur ce sol, il m'a l'air assez crade. » dit-il en pointant du doigt la mousse rouge et moite qui le recouvrait. Bien qu'il pourrait faire une exception et s'y coucher volontiers si le démon le lui demandait. Il lui serait si facile de mettre son amant complètement nu d'un simple moulinet de la main mais l'heure n'était pas aux fantasmes.

Son jean déchiré suite à l'attaque du cadavre énerva l'hybride qui se concentra plus sur le prix qu'il avait mis dedans plutôt que sur sa blessure. Alastair tenta à son tour de l'attaquer mais ce dernier évita son coup, gagnant en force à chaque instant. A cette allure, ils seraient encore là demain à essayer de le détruire. « Oui je me doute bien que tu me préfères sans mais c'est pas vraiment un endroit pour se balader à poil. » répondit-il en souriant. « Mais si tu m'offres un nouveau pantalon je te laisserai l'immense honneur de me le retirer. » Il hocha un sourcil en fixant le brun. La créature s'en prit ensuite à celui-ci, ses bras martelant le sol pour agripper les jambes du démon et le tirer plus profondément dans la terre. Prêt à intervenir pour le défendre, Kaïden n'eut pas le temps et n'en eut d'ailleurs pas besoin non plus puisqu'Alastair parvint à s'extirper de son emprise, ses jambes se retrouvant dans un état bien plus grave que celle de la Source. A cette allure, les deux finiraient par se retrouver sans pantalon au beau milieu de l'enfer.

« Moi aussi, ce petit jeu à assez durer il est temps de lui faire bouffer la poussière. » surenchérit-il, son ton légèrement plus énervé. S'il n'était pas capable de vaincre une vermine pareille, il pouvait tout aussi bien rendre directement sa couronne infernale dès son retour au palais.

« T'inquiètes, j'en ai vu d'autres et des bien pires ! Mais si tu as bobo on s''arrêtera te soigner t'en fais pas.  » se moqua-t-il doucement. La blessure d'Alastair n'était pas non plus si méchante que ça et c'est pour cela qu'il pouvait se permettre de se foutre de sa tronche. Si ça avait été plus grave, il aurait eu un tout autre discours et ce serait sûrement plié en quatre pour l'aider. S'il y a une chose qu'il n'avait jamais supporté, même après être devenu maléfique, c'était que l'on s'en prenne à ses proches. Des proches qui se faisaient pourtant de moins en moins nombreux au fur et à mesure que le temps passait.

Quand il proposa d'unir leur force pour venir à bout de cette créature, Kaï ne put qu'être d'accord et il acquiesça d'un mouvement de tête. « J'suis d'accord pour la doublette, il est grand temps qu'on en finisse avec ce truc. Prends le par derrière, je le prends par devant. » Une arrière pensée à peine voilé alors qu'il lui lança un regard lubrique. Ce cadavre avait bien trop résisté à leurs attaques et ça se terminait dès maintenant.

Le fouet d'Alastair dans sa main, le démon l'enroula tout autour de la créature pour la maintenir immobile tandis que Kaïden leva une main dans sa direction. Le cadavre se débattit mais rien n'y faisait, il était bloqué et complètement à leur merci cette fois-ci. Alastair resserra l'emprise de son arme sanglante, les épines lacérant sa chair et le brun se concentra, ses orbes lumineuses enrobant leur proie peu à peu jusqu'à le recouvrir totalement. « Relève-toi de ça, fils de pute. » jura-t-il alors que ses orbes s'agrippaient à chaque molécule de son être. Un bref sourire s'afficha sur le visage de la Source qui se délecta de la douleur qu'ils infligeaient. Dans un dernier effort, ces orbes dispersèrent ses molécules dans l'espace provoquant son explosion.

L'onde de choc qui en résultat les projeta violemment en arrière, les recouvrant au passage d'un amas de sang coagulé et d'un étrange fluide noir. Allongé sur le sol après s'être fracassé contre ce dernier, Kaïden roula sur le côté pour se retrouver à califourchon sur son amant et l'embrasse fougueusement, ignorant les résidus qu'ils avaient tout deux sur le visage, bien trop enivré par la décharge d'adrénaline qu'il avait ressenti à cet instant.

« Désolé d'avoir insulté ta mère. » Même si la créature n'était pas à proprement un de ces enfants, elle n'en restait pas moins l'une de ses créations et son insulte avait peut-être été un peu violente.

Il se releva ensuite, proposant sa main à Alastair pour l'aider à faire de même et porta son attention sur leur destination à venir. Un bref regard en direction du lac de sang en contrebas, l'idée lui paraissait être plutôt bonne. « Je sais pas ce qu'il y a là dessous mais … on saute ? Ou y'a un chemin plus facile pour descendre ? » Il faut dire qu'il était nouveau ici et que ces terres dépassées de loin celles qu'il connaissait. Peut-être que ce fameux lac n'était pas profond et qu'ils se fracasseraient le crâne ou peut-être qu'ils seraient dévorés par une autre créature cadavérique. Tout était possible.

Kaïden avait beau avoir transformé le Palais de la Source à son image en ayant fait un travail esthétique d’impression, pour n’importe qui n’étant pas originaire de l’Enfer la biodiversité et l’architecture de Yzs pouvait laisser à désirer; et sachant que son bien-aimé était fermement attaché au style de vie humain et à la ville de San Francisco, il ne s'était pas attendu à ce que chaque horreurs en ces lieux viennent émerveiller le Souverain Infernal. Le Bras Droit n’allait pas s’épancher sur un cours de biologie durant lequel il allait parlait des origines, des bienfaits et des mythes de cette mousse.
Qu’importe: pour Alastair, être ici avec Kaïden lui faisait ressentir comme une connotation poétique et romantique.
Il n’a pas non plus le temps de lui révéler que faire l’amour sur cette mousse s’avère être une expérience très confortable, puisque le cadavre aux airs si innocents se révèle être plus pénible que de raison. Comme s’il était sujet au karma, c’est à ses vêtements en retour d’être froissés et déchirés par les attaques du monstre et Alastair comprend un peu plus Kaïden: il y avait certaines choses, comme la mode, auxquelles Alastair ne c’était jamais vraiment intéressé avant que Kaïden n’arrive dans sa vie pour faire ressurgir ses penchants humains “Tu sais quoi ? Quand on en a fini avec notre petit voyage infernal, je nous emmène faire du shopping.” Il connaissait Kaïden assez bien désormais pour savoir comment le satisfaire et combler le moindre de ses désirs.

Le fouet enroulé à son avant bras et maintenu entre ses doigts, Alastair fond sur son adversaire et articule ses muscles pour faire claquer le sang et les épines, lacérant la chair du cadavre avant d’entraver ce dernier avec son arme, l’immobilisant pour permettre à Kaïden d’enchaîner avec son attaque qui vient porter un coup de grâce attendu à la vermine. Alastair observe les nombreuses orbes lumineuses recouvrir ce corps qui se débat, et Alastair a presque l’air de sourire lorsque le cadavre est finalement la proie de la douleur avant d’exploser.

Propulsé en arrière, Alastair se retrouve allongé sur le tapis de mousse, le reste de ses vêtements souillés par le sang. Il allait pour se redresser, mais c’était sans compter Kaïden qui vient s’allonger sur lui. Alastair a beau être un être centenaire, son Roi parvient sans mal à réduire le démon hybride en un vulgaire taureau à disposition.
Alastair ne réfléchit pas, vient agiter sa langue et ferme les yeux en venant empoigner les fesses de son amant pour le frotter contre lui. L’adrénaline du combat et la synérgie de leurs pouvoirs emballe son coeur noir battant à l’accéléré, et Alastair n’aurait sans nul doute céder à ses pulsions si Kaïden ne ce serait pas relevé en premier. Alastair demeure allongé quelques secondes supplémentaires en soupirant, rajustant un certain membre “Please, ce n’était pas un enfant de la Veuve.” il vient attraper son visage pour que le brun observe, tout autour d’eux, ces monuments de pierre, tous gémissants, tous servant de pièges à des âmes rebelles.
Lorsque Kaïden vient émettre l’option d’un saut de foie, Alastair reste figé un bref instant avant de sourire “Merde… Moi qui voulais te surprendre en te jetant dans le gouffre: sauter est le seul moyen d’y accéder.” il est même fier de Kaïden qui adopte déjà la logique des Terres Ensanglantées “Et par chance puisque tu as ingéré un fruit sanguin…” Alastair vient toucher les abdominaux de Kaïden en souriant narquoisement, comme pour lui rappeler malgré lui le fruit de sa culture “Ton corps ne risque pas de se désagréger dans sa chute pour continuer de remplir le lac.” Il lui attrape la main et se rapproche du vide, l’observant droit dans les yeux, avant de finalement hocher la tête et sauter, accompagnant Kaïden dans sa chute d’une poigne ferme avec un sourire franc.

En chutant avec le reste de la cascade, Alastair vient tirer Kaïden à lui pour l’enlacer et le serrer contre lui.
La chute dure jusqu’à ce que les deux corps ne viennent percer la surface du lac, s’enfonçant dans les tréfonds de celui-ci.
L’eau teintée de rouge est berceau de nombreuses vies.
Kaïden toujours proche de lui, les deux hommes ont le temps de réaliser se trouver dans des ruines infernales oubliées et submergées. Attrapant la main de son Roi, Alastair se met à nager en direction de la surface jusqu’à enfin extirper sa tête et reprendre un souffle dont il ne manque pas. Ils atteignent la rive sans mal, et c’est un Alastair trempé qui vient se dépouiller de ses vêtements qui n’ont plus d’usage en ces lieux et dans leurs états présents. Se retrouvant nu dans la moiteur des Marais Sanglants, ils peuvent désormais contempler la Citadelle sous un autre regard: Yzs s’impose désormais à eux, colossale et gigantesque en les invitant à prendre ce chemin tortueux.

Des silhouettes encapuchonnées murmurent et avancent solennellement sur un chemin de briques saignantes, psalmodiant des prières pour la Veuve tout en agitant des encensoires et en pointant des lanternes à la lumière rouge à environ deux mètres au-dessus de leurs têtes. Kaïden et Alastair ne pouvaient pas distinguer les traits des Pèlerins, mais la forme dissimulée sous les capuches laissaient tout à penser que ces marcheurs étaient comme dotés d’une apparence de céphalopodes “Ils sont inoffensifs. Leurs rôles est d’attirer les âmes égarées jusqu’à la Citadelle pour espérer servir la Veuve. Ceux qui refusent ou sont incapables de suivre les lumières errent.” il pointe du doigt une silhouette entre les arbres, désorientée en proie à des rires hystériques et des pleurs désemparés “Certains finissent comme notre ami plus haut, d’autres…” Alastair lui-même en vient à frissonner rien qu’en se souvenant des légendes entourant les bêtes incompréhensibles que la Veuve à assujettie dans les tréfonds du lac pour s’imposer comme le moindre mal “On y va ?” lui demande-t-il finalement en rejoignant le chemin du pèlerinage et en lui tendant la main.

Bon, visiblement Kaïden avait vu juste en proposant de sauter puisque c'est exactement ce qu'il fallait faire d'après les dires d'Alastair. Il aurait préféré se tromper et que sa remarque ne soit qu'une petite boutade comme ça … ça avait quand même l'air assez haut et l'étendue de sang en dessous d'eux donnait tout sauf envie d'y faire trempette mais ils étaient bien trop loin pour reculer maintenant. Après tout, il s'était forcé à bouffer ce fruit dégueulasse et l'immortalité lui tendait les bras, il ne pouvait qu'avancer et repartir de ce lieu avec ce qu'il convoitait. Il jeta un regard furtif vers le démon, ses yeux se plissant suite à son commentaire. « Ça ce serait sûrement très mal fini pour toi si tu m'avais poussé sans me prévenir. » Il prit la main du brun dans la sienne et les deux sautèrent sans plus attendre dans le lac. Son corps plaqué contre celui de son amant, la chute lui parut durer une éternité avant de sentir le liquide claquer violemment contre ses jambes, son corps s'engouffrant à l'intérieur de l'étendue de sang dont il parvient à ressortir rapidement, ne s'attardant pas plus à l'intérieur, ne sachant pas vraiment quels monstruosités pourraient être attirées par leur présence ici.

Trempé et légèrement haletant après leur chute vertigineuse dans le lac sanglant, observa Alastair se déshabiller complètement, ne manquant pas une seule seconde de ce spectacle qui s'offrait à lui et masquant à peine son sourire et cette pointe d'envie qui naquit en lui. Allongé sur le sol, il prit finalement une minute pour contempler le paysage autour de lui vu d'en bas. Il aimait ce genre d'endroits, mystérieux et imprégnés de puissance antique. L'air moite des Marais Sanglants l'enveloppait comme un manteau, lourd et oppressant, mais il trouvait quelque chose de fascinant dans l'atmosphère qui régnait ici et qui était bien différente de son royaume à lui.

« Ca fait parti d'une certaine coutume ici de se foutre à poil ou c'est juste l'excuse que t'as trouvé pour que j'enlève mes fringues ? » le questionna-t-il en ôtant lui aussi ses vêtements malgré tout sans se poser plus de questions. L'idée de se retrouver nu au beau milieu de l'enfer l'inquiétait quelque peu mais le fait de ne pas être le seul dans cet accoutrement aidait un peu. Puis vu l'état de ses fringues, elles étaient bonnes à être jeté maintenant. Ca lui apprendrait à s'habiller en prada pour partir en quête de l'immortalité.

Des murmures un peu plus loin attirèrent son attention et il matérialisa une boule d'énergie dans le creux de sa main par instant, prêt à se défendre contre la menace en voyant ces êtres encapuchonnés avancer dans leur direction. Leur démarche solennelle et la lueur rouge des lanternes ajoutaient une touche sinistre à cette scène. Il leva un sourcil en écoutant les explications d'Alastair, le regard toujours rivé sur ces pèlerins énigmatiques et la magie accumulé dans sa paume retourna dans le néant aussitôt même s'il avait du mal à ne pas les considérer comme une menace tant leur apparence ne le mettait pas vraiment en confiance.

« Charmants, tes potes. » lâcha-t-il d'un ton sarcastique, une étincelle amusée dans ses yeux. Même s'il avait appris à accepter l'étrangeté de l'Enfer et de ses habitants, il ne pouvait s'empêcher de toujours se sentir un peu étranger dans cette partie reculée. La Veuve et ses sbires restaient un mystère pour lui. « Je te préviens, aucune chance que je prête allégeance à la Veuve et hors de question que je rejoigne son armée de monstres. Il n'y a qu'une seule personne devant qui j'accepte de me mettre à genoux. »

Alors qu'Alastair tendait la main vers lui, il prit un instant pour contempler la gigantesque Citadelle de Yzs qui se dressait plus loin devant eux. Colossale, imposante et intimidante, elle semblait les inviter à un pèlerinage dont l'issue restait incertaine. Il se demanda un bref instant s'il était prêt à affronter ce qui lui tomberait dessus mais son regard se posa ensuite sur le démon et à ses côtés, il savait qu'ils pourraient tout affronter.

Il attrapa la main de son amant et se rapprocha de lui, plongeant son regard dans le sien avec une lueur déterminée. « Bien sûr, je te suis. » Il commença alors à avancer sur cette route ensanglantée, ses pieds nus foulant les briques humides et collantes de la chaussée sinistre sans trop savoir où leur destination les mènerait exactement. Seul Alastair avait étudié ce fameux parchemin et connaissait leur destination exact. Lui, n'était qu'un spectateur de tout ça même si cette quête avait pour ultime but de lui offrir un présent. Présent que le brun possédait déjà grâce à son côté démoniaque et que Kaïden aurait pu, lui aussi déjà avoir accès s'il n'avait pas renié l'être de lumière en lui depuis des années.

Un bref silence s'installa entre eux, uniquement brisé par les murmures lointains des pèlerins encapuchonnés qui marchaient toujours dans leur étrange procession. Kaïden n'avait pas la moindre idée de ce qui les attendrait une fois à l'intérieur de la Citadelle. Pourtant, une part de lui, malgré l'appréhension, brûlait d'excitation à l'idée de découvrir tout ça.

« Je dois t'avouer, » commença-t-il d'une voix plus grave. « Ce lieu me file les jetons... mais je sens aussi une certaine excitation. Et pas sexuelle avant que tu ne fasses la remarque. J'sais pas si c'est lié à l'immortalité ou à l'attrait du danger cela dit. » Il avait toujours cherché à devenir immortel, mais maintenant que ce rêve s'apprêtait à se concrétiser, il ignorait s'il était réellement prêt à accepter tout ce que cela pouvait impliquer. « Enfin, c'est trop tard pour les doutes maintenant. » dit-il en secouant la tête, retrouvant son ton habituel, un sourire en coin apparaissant sur ses lèvres. « On avance ensemble, comme toujours. Et peu importe ce qui nous attend là-bas, je sais qu'on s'en sortira. » La Citadelle les attendait, imposante, énigmatique, tandis que les murmures des pèlerins semblaient s'intensifier, leurs prières résonnant comme une mélodie funèbre, accompagnant chaque pas qu'ils faisaient.

Kaïden connaissait plusieurs aspects d’Alastair qui pouvaient surprendre plus d’un démon.
Parce qu’il ne s’agissait pas que de leur statut de Source et de Bras Droit de ce premier, le directeur du Montrouge se permettait de se laisser aller avec le barman de l’Asp Hole, de plaisanter, d’espérer, d’entretenir la flamme qui les animait plus que ça n’avait jamais été le cas entre les Sources et leurs Seconds dans l’histoire de l’Enfer. Kaïden était arrivé comme un brasier qui avait mis son sang en ébullition tout en faisant fondre les remparts de glace qu’Alastair avait érigé pour mener à bien la propagation du Mal sans interférence. Par chance, Kaïden était capable d’autant de malice et de chaos que le fils démoniaque, leurs âmes destructrices et leurs corps fiévreux étaient rentrés en résonance et c’est comme un état de manque duquel Alastair est affligé lorsqu’il passe trop de temps séparé de son Roi; s’emparer de l’immortalité pouvait grossièrement rassurer le duo et Kaïden en premier de l’incertitude de l’avenir.
En se laissant tomber dans le vide et en nageant jusqu’à la rive vaseuse, Alastair sent son coeur s’emballer un peu plus et perçoit toujours ces échos lointains. Dans l’humidité des marais, le cerveau du démon recouvre de lointaines bribes de souvenirs datant de son enfance et de sa jeunesse dans cette contrée étrange et mystérieuse, gorgée de sang et peuplée par des êtres qu’on ne trouve pas ailleurs dans les contrées infernales. Débarrassé jusqu’au dernier vêtement encore présent sur sa peau,  Alastair n’a jamais été complexé par la nuditié, encore moins lorsque Kaïden est là pour lui servir de saint témoin. Croisant ses bras puissant sur son torse, Alastair observe le sorcier plus petit que lui mais à la carrure toute aussi massive se dévêtir “Tu me connais, je suis plus à l’aise comme ça que entravé dans des tenues humaines.” au final, ses vêtements détruits, imbibés par les eaux millénaires du Lac étaient mieux jetés dans un coin. En observant la pile de vêtements, Alastair en vient à rêvasser, à imaginer de futurs voyageurs intrépides qui feront la trouvaille de leurs vêtements, preuve que l’impossible pouvait se trouver à portée de main et que tout ce qu’il y avait à faire c’était suivre le chemin “Mais certains fidèles se rendent jusqu’à la Citadelle tels qu’ils sont venus au monde pour rencontrer la Veuve: geignards, nus et ensanglantés.” Alastair affiche finalement un rictus salace en observant Kaïden complètement et capte son appréhension “T’en fais pas, on risque rien jusqu’à ce qu’on s’enfonce dans les profondeurs de la Citadelle. Et on pourra faire un détour pour trouver des vêtements, ou des armures. Fais moi confiance: tu vas adorer le travail des Tisseuses.” parce que les Terres Ensanglantées ne se résumaient plus à la sauvagerie des temps où l’Enfer était encore jeune, Yzs avait sa propre culture et c’est une sororité venue de l’Est qui trouva refuge à Yzs, pour broder dans le cuir et la fourrure des bêtes des cristaux et des aiguilles en or. Mais Alastair ne s’épanche pas plus sur le sujet, se contente de teaser sa fashion victim de mec et se régalera des éclats dans ses yeux lorsque leurs pas fouleront l’atelier des Tisseuses.

Il se rapproche de lui et l’enlace par la taille pour l’inviter à prendre part à cette balade de santé, il allait pour le rassurer mais ne peut s’empêcher de lâcher un rire rauque en entendant sa remarque: Alastair apprécie plus que de raison la vision d’un Kaïden à genoux, le yeux pétillants et les joues étendues. Lorsqu’ils seront rentrés de ce voyage, il allait sûrement séquestrer Kaïden plusieurs heures au Montrouge pour le vénérer tout en assumant ses instincts les plus bas “T’en fais pas, la Veuve respecte assez l’autorité de la Source comme un Pilier de l’Enfer pour ne pas s’imposer. T’as de la chance d’avoir une belle-mère aussi cool hein ?” qu’il vient blaguer en évitant de bousculer les Pèlerins “T’es né et t’as grandi parmi les Humains, même en tant que Source c’est normal que certaines choses te paraissent… too much ?” Alastair s’arrête sur le chemin et invite Kaïden à lui faire face, les Pèlerins les respecte et les contourne avec respect “On peut encore tout arrêter si c’est ce que tu souhaites.” prononcer ces paroles lui brûle la gorge, mais il a appris à voir au-delà des jeux de pouvoirs et de ses aspirations: le bien-être de son homme. Il serre ses mains avant de venir poser une main sur sa joue “Je dois quand même remettre le parchemin à la bibliothèque, et après quoi on est libre de retourner dans ton Palais, ou à San Francisco. Je ne veux pas te forcer.” il marque une petite pause, et vient hausser les épaules “Je doute que d’autres fous iront à la recherche de ce trésor caché et sûrement bien gardé.” une partie de lui aurait aimé faire plus, pour permettre à Kaïden de voir cet endroit, l’endroit où il avait grandi, sous un regard différent.  
Gamin, ces étrangetés étaient les idoles d’Alastair, ombres silencieuses à la démarche consciencieuse, dont la lumière des lanternes attire les insectes et éloigne les créatures hostiles. De son temps libre il quittait l’enceinte de la Citadelle à la recherche de plantes carnivores aux pétales charnues et observait le ballet des lucioles dont le corps était parasité par un rubis grossissant ce qui expliquait leur lumières rouges. La sève des arbres était similaire à du sang constellé d’étoiles en mouvement et les champignons bioluminescents dégageaient une chaleur rassurante pour la plante des pieds “Accompagne moi jusqu’à la bibliothèque, repars avec quelques fourrures et une couronne, et on avisera, t’en penses quoi ? On est plus très loin des Portes et de la Grande Place… et le spectacle mérite d’être vu.” Il faisait en sorte de ne pas avoir l’air d’un foutu marmont aux portes d’un parc d’attraction.

“Mais si on s’en tient au plan…” il serait quand même temps pour lui de briefer son compagnon sur leur itinéraire, à mesure que la Citadelle Dorée semblait se rapprocher d’eux pour les engloutir “La Veuve a ordonné la construction de la Citadelle sur ce que l’on suppose être un ancien champ de bataille. La Veuve aurait gagné le combat contre, je ne sais trop quoi, mais demeure dans les Profondeurs, à la fois trône et tombeau. Ses premiers disciples ont érigé Yzs sur sa carcasse pour qu’un simple lieu de culte primitif devienne…” il balaie la vue devant eux de sa main, prenant une profonde inspiration en levant le visage pour voir le sommet des Portes jusqu’à ce que sa nuque craque “La Veuve a continué de parasiter l'édifice construit en son honneur pour que sa présence demeure et résonne. Et au cours de l’histoire ma Mère a scellé certains chemins, certaines portes qui remontent jusqu’aux temps de ses origines cosmiques. Notre but serait de nous enfoncer hors du territoire autorisé, plonger dans l’inconnu.” le ton de sa voix trahissait l’excitation de lever le voile sur ses origines et sur la nature de Celle qu’il appelait Mère dans ses rêves “Personne n’a jamais osé s’enfoncer si profondément, mais personne d’autre n’est le fils légitime de la Veuve et la Source du Mal incarnée et en personne.” finit-t-il par ponctuer avec un sourire qui invite au défi.
Malgré l’humidité sanguine de la Route, leurs pieds ne sont pas souillés par l’hémoglobine surnaturelle lorsqu’ils viennent marcher sur ce qui ressemble à du sable chaud, non.
Des cendres.
La marche des Pèlerins se fait plus lente, la procession devient une file d’attente et Alastair attrape Kaïden par la main pour qu’ils continûment d’avancer pour finalement arriver sur cette Grande Place, dont l’architecture n’est pas sans ressembler celle d’un théâtre grecque.
Mais ce qui capte l’attention des deux amants, ce sont bel et bien ces faisceaux de lumières incandescents qui s’embrasent pour monter dans le ciel et se perdre au-delà du ciel rouge et orageux “Lorsqu’un Pèlerin arrive au bout du Chemin, il est libre d’embrasser une nouvelle forme pour rejoindre le subconscient des hommes et tenter l’humanité au nom de la Veuve.” c'est comme ça qu'elle avait attiré son propre père en Enfer. En envoyant dans ses rêves un papillon aux ailes sanguinolentes.
Les uns après les autres, les Pèlerins rejoignent le centre de la place au centre d’un cercle de bougies de sang, dont la cire qui fond tâche le blanc maculé des cendres. Le Pèlerin tend ses bras en direction des tours de la Citadelle prêt à recevoir l’étreinte de la Veuve au rythme des prières doucereuses jusqu’à ce que son corps ne s’embrase, sa vieille carcasse réduite en cendre tandis que de l’intérieur de son corps cette lumière aveuglante s'extirpe. En plissant les yeux, Kaïden pourrait presque voir au-delà de la lumière éclatante comme une larve géante, un papillon de nuit entortillé dans ses ailes humides et naissantes avant d’être propulsé dans les Cieux.

Aussi impressionnant le spectacle puisse-t-il être, ils doivent continuer d’avancer. Ils empruntent un tunnel qui les fait passer sous les Murs Extérieurs de la Citadelle pour finalement arriver sur une avenue. Loin de l’humidité du marais et de l’air sec de la Grande Place, les rues de la Citadelle sont pavées et nimbées dans une lumière dorée. En plissant les yeux, n’importe qui peut remarquer le sang qui suinte par petits endroits. Un fleuve -de sang bien entendu- serpente entre les ruelles et des fontaines représentant des figures féminines entrelacées dans une danse, une floraison ou une orgie, versent du sang dans des bassins. Une variété de lierre écarlate a complètement envahi certains toits et Alastair doit parfois pousser Kaïden de la route pour laisser passer des palaquins transportant la noblesse de Yzs.
Malgré la grandeur de la Citadelle et le nombre impressionnant d’habitations, sa population avait nettement diminué: la Veuve ayant fortement diminué son activité depuis que Alastair avait rejoint le monde humain, comme si elle avait accompli son but et s’octroyait plusieurs siècles de repos après tant de millénaires d’efforts acharnés “Non pas que ça m’enchante, mais on peut pas rentrer dans le Palais en ayant l’air de mécréants errants…” Il pouvait bien sûr montrer aux Gardes son appartenance, mais il tenait à un minimum de dignité pour marquer son retour chez lui.
Au lieu de rejoindre le centre de la Citadelle où se trouve le Palais, autour de quoi le reste de la Citadelle a évolué, Alastair traîne Kaïden au nord de la ville.

Ici, l’ambiance est nettement plus différente comparé à la chatoyance dorée de l’artère principale. C’est comme si la pierre avait perdu son éclat doré pour devenir grise et terne.
Si Yzs paraît en dormance, ce quartier a l’air complètement abandonné.
Le sang a cessé d’affluer jusqu’ici, et Alastair doit trancher au travers d'épaisses toiles d’araignées scintillantes d’éclats argentés pour qu’ils puissent avancer.
Une soie de qualité.
“Au final, tu vas pouvoir faire ton shopping avant qu’on rentre.” Il était persuadé que Kaïden ne se serait pas attendu à trouver des fringues dans un endroit pareil. Et pourtant.
Ils arrivent sur une petite place avec un arbre mort en son centre, observé par une maison au toit à l’ardoise noire qui semble se recroqueviller de l’avant, prête à s’écrouler sur eux.
Le reste des toiles d’araignée qu’il a dû détruire proviennent de cette maison, chaque fil s’étirant des fenêtres et des fissures pour envelopper le reste du Quartier des Tisseuses “Bon, vu que j’ai dû saccager leurs toiles pour arriver jusque là… elles savent que des clients sont là pour leurs merveilles.” il vient même tirer sur une toile non loin de lui, qu’il relâche pour envoyer des vibrations supplémentaires à l’intérieur de l’Atelier “Sympa comme sonnerie.” qu’il ironise en se tournant vers Kaïden “La population de Yzs a été victime de la mode à une certaine période, les Tisseuses sont celles qui ont développé les vêtements du petit peuple et de la Cour de la Veuve en quantité astronomique. Et si elles t’aiment bien, elles peuvent avec aisance proposer leurs services sur mesure pour te créer une pièce d’exception avec certaines… propriétés.” en d’autres terme, il ne s’agissait pas que de shopping: un vêtement ensorcelé ou envoûté pourrait leur être utile dans la suite de leur périple sur des terres proscrites.

Le rire rauque d'Alastair résonna, et Kaïden sentit une chaleur familière naître en lui, se mêlant à la froideur du marais. « De la chance je sais pas ... » Il ricana doucement, secouant la tête face à l'absurdité de cette déclaration. « Je suppose qu'on peut voir les choses comme ça mais si tu avais connu la mienne, tu saurais ce que c'est qu'une mère cool. » Car oui, Paige aurait fais une super belle-mère si elle était encore en vie. Avec un être maléfique pour gendre, peut-être pas, mais Kaïden était sûr qu'elle aurait pu comprendre le choix de son fils. L'amour n'avait pas de camp. Pourtant, l'idée qu'Alastair veuille vraiment s'assurer de son bien-être le touchait. Ce démon, capable des pires atrocités, restait profondément humain avec lui. Et cette dualité entre la monstruosité et la tendresse n'avait jamais cessé de le fasciner. D'autant qu'il était le seul à être témoin de cette part de lui et ce n'était  pas pour lui déplaire. Il aimait que ses émotions humaines ne s'éveillent qu'en sa seule et unique présence. Ca le faisait se sentir spécial, ce qu'il était indéniablement à ses yeux.

Alors qu'Alastair continuait de parler de la Citadelle, de la Veuve, et des secrets enfouis sous les couches de pierre et de sang, Kaïden se laissait bercer par sa voix. Il l'écoutait, bien sûr, mais plus encore, il se perdait dans la cadence de ses mots, dans la passion sous-jacente que son compagnon mettait dans chaque description. La Citadelle n'était pas juste une destination pour eux, elle était une part de l'histoire d'Alastair, une part de ce qu'il était et que Kaïden était ravi de découvrir enfin après tout ce temps.

Alastair se rapprocha, le prenant par la taille avec cette aisance habituelle. Kaïden sentit son corps se détendre contre lui, comme si l'étreinte du démon suffisait à repousser la lourdeur oppressante des marais.

Il observa les pèlerins, leur lente procession vers l'inévitable. L'idée même de mourir pour renaître sous une autre forme rappelait à Kaïden sa propre quête d'immortalité. Il se demandait parfois si la mort n'était pas une étape inévitable pour lui aussi, malgré son désir d'y échapper.

« Faire demi-tour ? Non, on est allé bien trop loin pour faire demi-tour, j'irai jusqu'au bout t'en fais pas. » Kaïden répéta les mots d'Alastair, surpris qu'il propose une telle option. Cela lui arracha un sourire, mais un sourire doux, presque nostalgique. « Tu me connais, tu sais que même si on peut encore tout arrêter, je ne le ferais jamais. Pas quand ce que je convoite depuis si longtemps est désormais à ma portée. » Il serra doucement la main d'Alastair dans la sienne, appréciant la chaleur et la solidité de son contact. « C'est pas juste une question d'immortalité. C'est … plus que ça. C'est nous, ensemble, au sommet. Si je veux être éternel, c'est pas seulement pour une question de pouvoir et de puissance. Je veux avoir la certitude de pouvoir rester à tes côtés à jamais. Je veux pas devenir un fruit tout fripé pendant que tu resteras jeune et sexy. » Sa voix trahissait une lueur de passion, mais aussi une certaine appréhension. Kaïden savait qu'au fond, ce chemin pourrait les mener vers des ténèbres encore plus profondes.

Alastair parlait maintenant de la Citadelle avec une excitation qu'il peinait à dissimuler, et Kaïden ne put s'empêcher de sourire. Son amant, le fils de la veuve, dans son élément, parmi les ruines et les mystères de son enfance, était une vision presque touchante. « Ca te manque, pas vrai ? » demanda-t-il doucement, ses yeux cherchant ceux d'Alastair. « Yzs, ra mère, ces terres ... » En silence, ils avancèrent à travers les toiles d'araignée argentées, Kaïden observant avec fascination chaque filament, chaque éclat brillant sous la faible lumière. Ce quartier, abandonné mais toujours vibrant d'une étrange énergie, semblait comme figé dans le temps, un vestige des jours où l'Enfer était jeune et sauvage. « Si c'est ici que tu fais ton shopping, je commence à comprendre pourquoi tu as un goût aussi… unique. » plaisanta l'hybride en jetant un regard amusé au brun.

Mais au-delà de l'humour, il sentait la gravité de l'instant. Ce qu'ils allaient découvrir ici, en s'enfonçant plus profondément dans les entrailles de ces terres changerait tout. Il ne s'agissait plus seulement d'une quête personnelle, mais d'une aventure qui permettrait à Alastair d'en apprendre plus sur les origines de sa mère.

Un silence s'installa, chargé d'une émotion lourde, et Kaïden se rapprocha, pressant doucement ses lèvres contre celles d'Alastair. C'était un baiser doux, un rappel simple mais puissant de leur lien indestructible. Puis, se détachant légèrement, il murmura contre ses lèvres. « Aucune raison qu'elles ne m'aiment pas, je suis capable de séduire n'importe qui tu le sais bien. Allons récupérer ces vêtements pour entrer dans le palais et allons récupérer ce qu'on est venu chercher. »

Kaïden recula légèrement après le baiser, son regard plongé dans celui d'Alastair, cherchant à capter la moindre étincelle d'émotion derrière ces prunelles sombres. L'atmosphère était devenue plus dense. Il y avait quelque chose dans la manière dont Alastair avait parlé de la Citadelle, de sa mère, qui touchait une corde sensible en Kaïden. Une partie de lui savait qu'il marchait sur un terrain sacré, et bien qu'il ait plaisanté quelques instants plus tôt, il ne pouvait ignorer l'importance de ce lieu pour son amant.

« Tu sais… même si je ne comprends pas tout de cette partie de toi, je suis content d'être ici avec toi, de découvrir cette partie de ta vie. »

Il se rapprocha un peu plus, appuyant son front contre celui d'Alastair, leurs respirations se mélangeant. L'éclat fragile d'une émotion qui luttait pour ne pas être dévoilée scintilla dans les yeux de Kaïden.

« On a traversé l'enfer, littéralement. Et je sais que cette Citadelle, cette histoire avec ta mère, ça fait partie de ce qui te définit. J'espère juste que ce n'est pas trop difficile pour toi d'être ici, de t'aventurer là où personne n'est allé auparavant. Pour moi. J'apprécie vraiment. »

Son regard se fit plus intense, essayant de lire dans les yeux d'Alastair une confirmation, un signe, quelque chose qui pourrait éclaircir ce qu'il ressentait. Il lui jeta un clin d'œil complice, ses pensées toujours focalisées sur ce qu'ils allaient découvrir. Plus ils s'approchaient de leur but, plus il sentait la gravité de leur quête peser sur ses épaules. Pourtant, avec Alastair à ses côtés, il était prêt à affronter n'importe quelle épreuve, quitte à devoir affronter leurs propres ténèbres intérieures. Le brun agrippa l'une des toiles araignées qui envoya une vibration lorsqu'il la relâcha. Les tisseuses devaient donc leur nom à l'insecte en question en plus de leur métier à l'évidence.

« C'est toujours aussi long ? J'suis pas trop à l'aise à l'idée d'être à poil au milieu de tout le monde. J'ai hâte d'avoir des fringues et de récupérer mon immortalité. » Oui, il était impatient, d'autant plus quand il s'agissait d'une chose qu'il attendait depuis autant de temps. « Que penserais-tu d'une belle cape rouge sang ? Je t'avoue que j'ai toujours voulu en avoir une pour compléter mon look de Source, ça en imposerait avec mon beau costume noir. » Même si son pouvoir de souverain ne passait pas par son apparence vestimentaire, à ses yeux, les deux allaient de pairs et Kaïden aimait avoir l'air irréprochable pour exercer son autorité.

Lorsque les tisseuses finirent par arriver jusqu'à eux, l'hybride se contenta d'un bref sourire à leur égard. N'étant pas du tout dans son élément, il préférait laisser parler le brun, de peur de dire ou faire quelque chose de répréhensible avec son tact légendaire.

Sa mémoire avait sûrement été la proie de quelques changements au rythme des décennies et des siècles, mais Alastair avait le souvenir que lorsqu’il était enfant et dévalait les rues sinueuses, celles-ci étaient beaucoup plus peuplées et animées. Même pour lui, qui était incapable d’imaginer un burin assez petit pour graver des détails si minutieux sur les bas reliefs, malgré les bâtiments dorés, les dômes et les tours d’exception, il y avait une ambiance sinistre en ville et la population de la ville se résumait à des démons, des sorciers, des hybrides et autres créatures à la fois experts et fascinés par l’occultisme, des dévots du Culte de la Veuve, des aventures de passage seulement comme Kaïden et lui-même qui avaient perdu et n’avaient eu d’autres choix que de demeurer ici jusqu’à ce que leur être tout entier soit dissout “Je n’ai pas envie de m’avancer trop vite, mais tu réalises que je ne suis pas immortel ?” son interlocuteur non plus, pas encore, mais qu’importe: Alastair serait prêt à se jeter corps et âme dans le Puit auquel il avait sacrifié des fragments de son humanité si en retour il pouvait permettre à Kaïden l’immortalité tant attendue. Par chance, s’ils se montraient aussi efficaces et fidèles à eux-même, le récit entourant l’obtention de ce pouvoir se résumerait en une épopée pseudo romantique aux yeux d’un démon comme Alastair “Et quand bien même, je ne te laisserai pas te transformer en un raisin déshydraté, même si je dois m’enfoncer sur des terres interdites, même si je dois te baigner dans le sang des innocents pour assurer ta beauté.”

Il n’a pas besoin de trop réfléchir pour retrouver son chemin malgré les années, mais il constate que les Tisseuses ont étendu leurs toiles au-delà de leur atelier. Dans cette partie de la ville, le doré des bâtiments est ternes, il y fait presque froid et plus sombre, par chance la soie des créatures réfugiées de ce quartier scintille et leur permet d’avancer dans des ruelles plongées dans les ténèbres. C’est dans cette intimité toute relative que Alastair presse Kaïden contre lui tout en l’invitant à avancer “J’ai souvent songé à revenir oui. Jusqu’à ce qu’un hybride sorcier-démon et son arrogance n’ait attiré mon attention et capturé mon coeur.” Kaïden valait les merveilles de Yzs et plus encore, et il était toujours plus facile pour le Bras-Droit de sous entendre certaines choses et de faire usage de métaphore lorsqu’il n’avait pas ses yeux dans ceux de son amant “Ma Mère est incroyable, mais peut-être pas dans le sens où tu l’entend…” c’est difficile à expliquer, même pour le principal concerné qui vénérait sa Mère de part son aura et envers qui il était reconnaissant pour tous les savoirs et les secrets partagés “Elle est plus un mentor pour moi.” qu’il finit par conclure jusqu’à arriver sur cette petite place circulaire avec un arbre mort en son centre. Malgré son manque de vocabulaire lorsqu’il concerne la pudeur de ses émotions, Alastair a envie de sourire en entendant Alastair, de s'emparer du corps tout entier de son Roi sur le champ pour lui faire comprendre ce qu’il a tant de mal à assumer “Je n’aurais jamais imaginé revenir ici, encore moins avec toi. Te voir là, ici avec moi c’est presque… comme un rêve, ou une hallucination provoquée par mon subconscient.” il bouge la tête et vient rire, se moquer de lui-même pour avoir l’air si humain.

Si les tours dorées du reste de la Citadelle reflétaient un soleil noire en proie à une éclipse, très étrangement Kaïden et Alastair se retrouvent désormais sous un ciel noir parsemés de diamants lointains, avec une pleine lune colossale, gigantesque, proche d’eux, trop proche d’eux. Il ne quitte pas des yeux l’astre lunaire, les sourcils, en venant répondre à Kaïden “Une cape rouge ? Comment ça se fait que tu ne possèdes pas déjà toute une collection rangée par nuances ?” et même le fils honorable de la Veuve sursaute lorsque la surface blanche parsemée de cratères de la lune vient se hisser, comme une paupière, pour dévoiler une gigantesque pupille noire les observer “Dis bonjour.” Alastair affiche ce qui ressemble le plus à un sourire et agite la main, de son autre main il vient claquer le cul de Kaïden “Dommage, je pourrais m’habituer à cette nudité décomplexée.”
Une brume vient se propager sur le sol, monte comme la marée pour s’arrêter au niveau des nombrils des deux mâles, dissimulant leurs jambes et leurs virilités lorsqu’un rire mesquin, presque sadique, vient faire écho dans le brouillard. Alastair se mord la langue et attrape la nuque de Kaïden pour l’embrasser subitement “Un petit tour de passe passe pour comprendre ce qui se dit.” il lui fait un petit clin d’oeil, avant de se râcler la gorge.

“Mesdames...” Il joint ses deux mains soit pour se montrer respectueux, soit pour parodier les Saints sur les vitraux et observer tout autour de lui “Le fils prodigue de la Veuve, de retour fier et glorieux et bien accompagné.” La voix semble venir d’un autre puis d’un autre à chaque syllabe, incitant Alastair à se tourner et se retourner dans chaque direction “La Source du Mal, en quête de toujours plus de puissances et de pouvoirs.” la voix saute sur les épaules de Kaïden avant que plusieurs rires ne se fassent entendre.
Une porte grince en s’ouvrant et c’est une silhouette dépassant Alastair de plusieurs têtes qui s’avance dans la brume, vers eux. Une femme au teint grisâtre et aux cheveux ténébreux ramené en un chignon sévère, maintenu par plusieurs épingles sombres incrustées de rubis. En se rapprochant d’eux, Alastair observe le kimono qui enveloppe cette carcasse presque cadavérique: un tissu noir et des broderies dans un fil écarlate formant un dragon impérial, qui rampe de haut en bas avant de se fixer sur ses épaules. Les branches de l’arbre mort qui les supervise tremblent et c’est une silhouette nue qui glisse de branche en branche, un jeu d’acrobatie langoureux, presque érotique avant que ce corps pâle aux longs cheveux ne tombe d’une branche pour plonger dans la brume; avant de se redresse, et Alastair réalise que la deuxième Tisseuse n’est pas nue: elle porte une tenue diaphane incrustée d’étoiles qui ne laisse aucune place à l’imagination, ses cheveux ébène flottent dans l’air comme si elle demeurait sous l’eau. La troisième Tisseuse a toujours été confinée dans l’Atelier durant l’enfance d’Alastair. Le fils de la Veuve se tient droit et effectue un salut en penchant son dos et son visage dans le même axe un instant avant de se redresser, jetant un coup d'œil à Kaïden de faire de même “Merci de nous avoir autorisé à pénétrer votre domaine. Je suis venu jusqu’ici pour solliciter vos talents, et vous aurez très vite de mes nouvelles pour une commande concernant un événement digne d’être célébré.” si les Tisseuses n’avaient pas perdu leur savoir-faire, chose dont il était certain, il savait qui s’occuper de sa tenue pour la Messe Noire au Palais de la Source qui l’unirai à Kaïden et au trône infernal. Le plus dur sera de trouver une tenue pour la fiesta qui suivra la cérémonie ésotérique, mais Kaïden l'aidera sûrement à choisir sa tenue. Pour l’heure, c’était à lui d’arranger le coup entre eux et les Tisseuses.
Alastair vient remémorer le Pacte qui unissait les Tisseuses à la Veuve, et de ce pacte était née une Yzs plus moderne, plus raffinée et narcissique. Il avait lu dans certains parchemins historiques que l’arrivée des Tisseuses avait amené une aire de folie et de décadence grotesque dans les Terres Ensanglantées.
La Tisseuse dans son kimono se rapproche pour observer les carrures des deux éphèbes. Inexpressive tout en prenant déjà certaines mesures,  “Les jours glorieux des tissus merveilleux sont loin derrières nous, Mes Seigneurs, mais ce serait pour moi un honneur de faire usage de la soie pour couvrir vos chairs.” L’autre Tisseuse, plus jeune et visiblement dérangée, digne d’être une fille de Charles Manson, semble se régaler de la vue des deux amants “Et mon sang fera office de sainte teinture !” ça la rend presque émotive, au point où une larme de sang vient couler le long de son visage en porcelaine. La plus âgée se détourne finalement de Kaïden pour se retirer d’où elle est arrivée, suivie de près par sa seconde qui invite les deux Hommes à les suivre à l’intérieur de cette demeure d’où proviennent les fils argentés.

Une gigantesque table recouverte de tissus et d’outils de couture en tous genres formant une montagne trône au centre, Alastair y voit presque un espèce d’autel. La créature japonaise est déjà occupée à agiter ses aiguilles et ses ciseaux ça et là tandis que l’autre rampe au mur parsemés d'alcôves pour sélectionner des flacons, tous différents, certains contenant des poudres scintillantes, d’autres des insectes morts, des cristaux vivants, des herbes et des écorces…
“Regarde mieux…” murmure Alastair à l’oreille de son Roi: l’Atelier étant recouvert par une illusion, Kaïden doit se concentrer s’il veut finalement pouvoir se rendre compte que malgré l’immensité de l’Atelier, les étages supérieurs ont été détruits pour laisser entrer la lumière des fenêtres, mais surtout pour laisser à la troisième Tisseuse assez de place pour sa corpulence.
Une araignée colossale, digne d’être un adversaire pour Godzilla, tisse des cocons qui cessent de s’agiter lorsqu’elle enfonce ses crocs. Avec elle, une légion de larves qui brillent et produisent une soie supérieure: ces vers à soie sont nourris avec les corps des génies n’étant jamais parvenus à atteindre l’exception de leurs vivants “Elles tissent les éclats de lune pour imbiber leurs pièces d'exception de charmes, et de protections en tous genre.” il se râcle la gorge, et hésite “Quand je suis né, même mi-démon, mes chances de survie étaient minces. Lorsque la Veuve est venue réclamer une armure, Elles avaient déjà tissé une couette de protection dans laquelle m'emmailloter. Tu m’imagines suspendu là haut bordé par une araignée géante ?” son enfance avait été particulière, c’était là un euphémisme certain “Viens…” Il l'attrape par la main pour prendre une porte et arriver dans ce qui ressemble désormais davantage à un musée. Des vitrines poussiéreuses protégeant des tenues de bal décadentes et des accoutrements envoûtés. Alastair n’a pas besoin de montrer à Kaïden que l’Oeil lunaire a collé sa pupille aux fenêtres pour continuer de les observer intrusivement “Retiens toi, essaies de ne rien voler…” il rigole, mais s’avère être quand même sérieux.