Dust and blood (Alastair)

Adonis avait une affaire en cours avec la Reine de l'un des clans de fées depuis plusieurs mois déjà. Laquelle, l'hybride l'ignorait et il s'en fichait un peu à dire vrai, tout ceci ne le regardant en rien. L'essentiel, la seule chose qu'il devait savoir était que les négociations avaient mal tournées et qu'à présent, Adonis souhaitait leur faire passer un message, à elles, et aux autres clans en les anéantissant. Un message fort pour lequel Kaïden était le sorcier de la situation. La Source l'avait mis sur cette mission au côté d'Alastair, ce qui le réjouissait. Il adorait passer du temps avec son démon préféré. Bien sûr, le fait qu'il soit son préféré était quelque chose qu'il gardait secret, il ne fallait surtout pas que l'assassin se fasse des illusions sur ce que ressentait l'être de lumière pour lui. Des illusions qui, au final, n'en étaient sans doutes pas. Il y avait quelque chose entre eux c'était indéniable et si Kaï avait été du genre fleur bleue, il s'avancerait même jusqu'à dire qu'il l'aimait. Heureusement pour tout le monde, il ne l'était pas et préférait noyer ces sentiments plutôt que d'oser les exprimer à haute voix.

Aux abords du palais infernal dans lequel logeait la Source, l'hybride observait les rivières de flamme qui serpentaient le long des terres arides de l'enfer, le regard pensif et une énième cigarette au bec. Il attendait le demi-démon pour se rendre chez les fées accomplir leur tâche tout en se demandant pourquoi Adonis aimait résider ici, dans le royaume souterrain. D'accord, il y faisait chaud et cette chaleur était plutôt agréable mais en dehors de ça ? Kaï ne voyait rien qui pourrait pousser quelqu'un à rester ici plus que nécessaire. Surtout quand le monde des mortels avaient tellement plus à offrir que l'enfer. C'est pour cela que, malgré le fait que Kaïden possède toute une aile du palais infernal pour lui, il ne restait que très peu en ces lieux.

Le brun apparut enfin dans son champ de vision, se faufilant hors du palais et Kaï lui adressa un bref sourire, heureux de le voir à ses côtés.

« Et bah t'as mis le temps. Prêt à dézinguer de la fée ? » demanda-t-il, un sourire sur les lèvres.

Il posa une main sur son épaule, large et solide puis déposa un baiser sur sa bouche et profita de ce contact pour les éclipser tout deux au beau milieu de la forêt enchantée, non loin de l'une des entrées vers le royaume des fées sans même attendre qu'il lui réponde.

Le soleil brillait, haut au dessus de leur tête, illuminant la végétation dense et parfaitement entretenue par les Nymphes qui résidaient là. La forêt magique semblait être à l'abri des tempêtes cataclysmiques qui s'abattaient sur San Francisco depuis quelques jours, comme si ce lieu était hors du temps et de l'espace. L'endroit était idéal pour passer un moment romantique entre amoureux. Il le deviendrait vite encore plus, une fois tâché de sang et de poussière de fée.

« Des fois que ce n'était pas clair, le bras droit de la Source est au commande. » déclara-t-il en riant après avoir rompu le contact avec le démon.

Il regarda autour de lui, cherchant l'entrée pour le Royaume des fées. A sa connaissance, cette dernière était invisible à l’œil nu et se trouvait entre deux troncs d'arbres entrelacées qu'il leur suffirait de franchir.

Dust and blood

Alastair est plus que simplement l’Assassin de la Source. Il le connaît par cœur, il sait ce qu’il pense et devine aisément ses intentions. C’est en soi une arme redoutable contre lui, mais ce-dernier sait que jamais il ne se retournera contre lui. Alastair est celui qui l’a élevé, il est en quelque sorte son père adoptif, c’est grâce à ce lien qu’il a sa loyauté la plus totale, bien qu’il ne faille pas qu’il pousse le bouchon un peu trop avec lui. Adonis sait qu’il réagit parfois brutalement. Ce lien étant, il n’hésite pas à lui donner ses missions les plus importantes et les plus sanglantes. Avec Alastair et Kaïden, son bras-droit, il pouvait régner aisément puisque les deux figuraient parmi les entités démoniaques les plus puissantes.
Et ce jour, la Source avait un projet qui, elle le savait, allait réjouir les deux amants. Une négociation s’était très mal passée entre elle et l’un des clans des Fées. Et la Source ne fait jamais dans la dentelle, si son souhait n’est pas réalisé, elle ordonne son extermination. Et c’est précisément là la mission destinée à Alastair, son assassin, et Kaïden, son bras-droit. Quand l’hybride démoniaque avait su qu’il réaliserait ce génocide avec son être magique préféré, son sourire lui vint directement sur son visage.

Depuis un temps, les deux s'étaient beaucoup rapprochés et ce, intimement. Pourtant, Alastair se refusait d’admettre qu’il ressentait plus que de l’attirance physique pour lui. L’amour est une faiblesse, c’est ce qu’il avait inculqué à Adonis, il ne pouvait pas déroger à cette règle, à ce principe. Mais l’amour est plus fort que tout, même chez les démons.

Sortant du palais infernal, demeure de la Source et ses proches, Alastair vit enfin son acolyte du jour qui eut un sourire instinctif. Il le lui rendit, un sourire presque pervers et vicieux.

— Je suis jamais en retard, toujours à l’heure. C’est toi qui était en avance, c’est tout. Et on est là pour ça, non ? Lui répondit-il d’un sourire.

Le contact fut créé entre eux par Kaï qui s’empressa de poser sa main sur l’épaule de l’hybride démoniaque. Il comprit instantanément et se rapprocha des lèvres de celui-ci. Il lui adressa un baiser langoureux pendant qu’ils s'éclipsaient dans un nuage d’orbes lumineux. Une seconde plus tard, les voilà rendus aux abords de l’une des entrées du royaume féerique. Alastair, bien qu’illuminé par un soleil d’aplomb, profitait des derniers instants de ce baiser avant de rompre le contact.

— Ah tu penses ça ? Les ordres, tu gardes ça quand on est dans un moment intime. Sinon tu auras le droit à une punition. Lui répondit-il en rigolant. Mais il savait pertinemment que si la situation le demandait, il répondrait présent à ce que lui dirait Kaïden. Le portail féerique était invisible, seuls deux troncs entrelacés indiquaient sa présence. Alastair le savait, dès lors qu’ils avaient posé les pieds dans cette forêt, les gardes féeriques les attendaient de l’autre côté du portail.

— J’suis sûr qu’on aura un beau comité d’accueil. Regarde, le portail est juste là. Lui indiqua-t-il d’un geste de la tête. Un peu plus loin, derrière un buisson bien fourni, se tenaient deux arbres relativement proches où les extrémités des troncs s’enlaçaient. Entamant la marche vers le royaume des Fées, là où attendaient sûrement un bon nombre de soldats, il fit un sourire à Kaïden avant de passer le portail. Ce sourire voulait tout dire. Ce sourire, c’était celui qu’il avait quand ils allaient enfin pouvoir se défouler tous les deux et prendre du plaisir.

— Quel beau spectacle, une haie d’honneur rien que pour nous, regarde ça Kaïden. Dit-il en ouvrant les bras à face à deux rangées d’une dizaine de soldats féeriques de chaque côté.

Kaïden sourit à l'évocation d'une punition si jamais il s'avisait de lui donner des ordres ailleurs que pendant l'intimité. C'était très mal le connaître que de lui dire une chose pareille car rien que pour avoir le droit à cette fameuse punition, c'est ce qu'il allait faire.

« De quel genre de punition on parle exactement ? Parce que je pourrai facilement me laisser tenter. » admit-il avec de petits haussements de sourcils pervers.

Il reprit ensuite son sérieux, ils avaient bien d'autre chose à faire que de se chercher de la sorte même si Kaï appréciait grandement ce petit jeu entre eux. Cette manie de se chercher et de s'envoyer des pics à la première occasion avait toujours été ce qui lui plaisait le plus dans sa relation avec Alastair. Ca et son corps quasi parfait qu'il pourrait passer sa vie à dévorer, bien entendu.

Le brun lui montra l'entrée du portail qu'il n'avait pas mis longtemps à trouver, prétendant qu'ils auraient sans doute droit à un comité d'accueil en le franchissant. C'était aussi l'avis de l'être de lumière, les fées ne laisseraient pas l'entrée de leur royaume sans surveillance, permettant aux premiers venus d'y faire irruption. Pas grave, c'était le but de leur visite ici, de se battre contre ces êtres et de les massacrer jusqu'à la dernière. Un moment qu'il lui tardait de partager avec celui qu'il aimait en secret. Comment pouvait-il en être autrement ? Impossible de ne pas aimer un homme qui avait tout pour lui plaire. Violent, puissant et magnifique.

« T'as l’œil, Sherlock. » le taquina-t-il en le regardant passer le portail, disparaissant de son champ de vision. Il lui emboîta le pas en passa entre les deux troncs d'arbres, franchissant le voile invisible qui le séparer de la dimension féérique, prêt à engager le combat qu'il savait être inévitable.

« Génial, c'est de cette manière que j'aime être accueilli.  »  dit-il au démon avant de reporter son attention sur les fées.

« Qui êtes-vous ? Déclinez votre identité. » leur lança l'un des gardes qui se détacha de la rangée en pointant son arme sur eux. Comme si se présenter changerait l'issue de son destin déjà scellé à la seconde même où les deux êtres maléfiques avaient pénétrés la forêt.

« A genoux devant votre nouveau roi les lucioles. » ordonna-t-il en guise de présentation, leur ouvrant les bras en s'attendant réellement à ce qu'ils se prosternent devant lui.

Il éclipsa la lance des deux premiers soldats du rang, à sa gauche et à sa droite, puis dans un mouvement de main, envoya l'arme se planter simultanément dans celui d'en face, le réduisant en un tas de poussières luisantes et roses qui se déposa également sur ses vêtements.

« Tellement virile comme manière de partir. » blagua-t-il en jetant un coup d'œil à Alastair.

Ses orbes s'attachèrent à chaque molécules de l'être qui les menaçait et les éclipsèrent dans toutes les direction, le faisant exploser en une fraction de seconde. Kaï s'approcha alors du tas de poudre de fée dans un calme presque effrayant et en ramassa une poignée pour la mettre dans un flacon qu'il sortit de sa poche. Il ignorait encore ce qu'il en ferait mais ça pourrait sûrement lui être utile à l'avenir. Et quand bien même, ça ferait bien comme décoration dans un bocal sur son meuble tv.

« A ton tour, à moins que tu ne préfères admirer mon superbe cul pendant que je me tape tout le boulot ? » déclara-t-il en se retournant vers Alastair avec un sourire. Ca ne le dérangeait pas de tuer tout le monde pendant que son amant se rinçait l'œil ceci dit.

Le reste des troupes se forma en une ligne face à eux, leurs lances dehors et leurs ailes déployées, prêts à riposter.