I'd one drink, but no more. — Abigail & Tamerlane

01.

I'd one drink, but no more.

Au même titre que les paradoxes et les dissonances cognitives, tout le monde a des réflexions intérieures qui font douter et remettent en cause les croyances. Le sens des valeurs peut être mis à l'épreuve à n'importe quelle étape de notre vie sans qu'on s'y attende vraiment. Ce doute s'est installé bien tard dans l'esprit de la sorcière novice. Tamerlane, l'enfant renfermée, macabre et solitaire, autodestructive et hostile. Cette femme approchant la quarantaine qui n'a rien d'une personne accomplie, mais ressemble à un vase brisé qu'on tente de recoller morceau par morceau. Des éclats altérés par la loi de Newton et qui ne trouvent plus réellement leur place initiale. Le tout, en noir et blanc.

Sa vision particulière du monde, Tamy ne l'a jamais ressentie comme un handicap. Une simple différence. Rare, mais simple. Ses grands yeux bleus qui plissent à la lumière du jour, mais qui s'épanouissent à l'obscurité d'endroits tels que ce club. Tamerlane n'a jamais été du genre à fréquenter ce genre de lieux. Mais elle ressent comme un magnétisme envers cet endroit à chaque fois qu'elle passe devant. Alors, au crépuscule, parfois de l'ouverture jusqu'à l'aube, elle s'installe dans un coin de la salle. Une petite table ronde reculée avec deux assises. L'une qu'elle occupe, et l'autre qu'elle recouvre de sa veste. Comme pour simuler l'attente de quelqu'un et éloigner ainsi les opportunistes.

Du vin rouge. C'est ce qu'elle commande. Parfois quatre, cinq verres. Il lui arrive de plier une bouteille à elle seule. Pourquoi ici plutôt qu'à moindre prix dans le grand salon du manoir dont elle a hérité ? Précisément parce qu'elle a hérité. Et la roturière peut se permettre certains excès. C'est nouveau, pour cette quasi-quadra. Alors, à sa manière, elle en profite. Le vin mériterait d'être meilleur cela dit... Mais ceci n'explique pas le fin fond de sa pensée à venir si régulièrement au P3. Tamerlane observe, analyse, essaye de comprendre ce monde et en tire une forme d'inspiration pour ses peintures. Elle griffonne au crayon sur son carnet des esquisses abstraites que lui inspire la musique de la soirée, les habitués qui lambinent, les nouveaux qui découvrent. Un mélange qu'elle retranscrira peut-être à l'huile sur une toile qui prendra la poussière.

Mais pas que.

Il y a un nom associé à ce nightclub que Tamerlane n'avait pas notifié de prime abord. Dans le livre des sorts entretenu par les générations précédentes et qui siège au manoir obscur des Proctor, il y a ce nom. Cette triquetra. Ce pouvoir des trois : Halliwell. Elle se dit que, peut-être, il y a un lien entre tout ceci. Encore nouvelle dans le monde magique, elle ne peut se permettre de conclusions hâtives. Elle marche sur des œufs, reste à l'écoute de son frère retrouvé. Cependant, à en voir le seul verre de vin consommé depuis les trois heures qu'elle est là, tout ceci la travaille... En prenant son verre vide et ses affaires, Tamerlane brise les habitudes - un exploit pour cet escargot enfermé dans sa coquille - et s'assoit au bar. Mais assez loin les autres. Dans un coin. Sa veste posée sur le seul autre tabouret qui l'entoure.

04.2024

@Abigail Jenkins

I'd one drink, but no more

feat @Tamerlane Proctor .

Pages tournées et livres feuilletés, les révisions ont bien remplis la journée d’Abigail. Alors quand l’heure de rejoindre le P3 a sonné, elle a accueilli cet interlude avec plaisir, même si les soirées peuvent également être fatigantes suivant le nombre de clients. Outre le fait que cet emploi lui permet de financer une partie de ses études, l’établissement est tenu par Wyatt Halliwell, ce qui lui permet de rester au contact de la célèbre famille sans squatter leur manoir à longueur de temps. Ce qui ne veut pas dire qu’elle ne passe pas régulièrement là-bas. Arrivée avant l’ouverture, la jeune femme vérifie que tout est en place, la salle et le bar propres, les bouteilles à portée de mains… Certains diront qu’elle se montre un peu trop méticuleuse, mais elle préfère éviter la mauvaise pub pour le club.

A l’heure de l’ouverture, la clientèle commence à affluer. Aby sait que le flot varie au fil de la soirée et suivant la programmation des festivités organisées au P3. Installée derrière le comptoir, elle commence à distribuer les boissons, parfois elle remarque certaines têtes familières et s’amuse à anticiper leur demande. Généralement, elle tombe juste hormis lorsque le demandeur change pour une quelconque raison. L’heure avance et l’ambiance bat son plein. Aby décide de faire un tour en salle auprès des personnes installées au niveau des tables pour s’assurer qu’elles ne manquent de rien. Elle sert ceux qui la sollicitent puis finit par retourner derrière le bar. Un verre vide attire son regard et la sorcière s’approche de la brune.

- Désirez-vous un nouveau verre de vin ?

Abigail se rappelle avoir déjà vu cette femme, une consommatrice du fruit des vendanges. Mais elle se fait la remarque qu’elle vient rarement au niveau du bar, préférant une place moins exposée.

- C’est rare de vous voir ici, poursuit-elle en tapotant le comptoir pour préciser ses paroles. Qu’est-ce qui vous a décidé à changer de place ?

Aby se montre curieuse, observant son interlocutrice pour tâcher d’en découvrir plus à son sujet.

01.

I'd one drink, but no more.

Les intentions de la cliente ténébreuse n'ont rien de mauvaises, mais ne sont pas évidentes pour autant. Que ce soit aux yeux des autres comme aux siens. Il y a tellement de choses qu'elle a dû accepter, à commencer par son frère. La trahison de sa tante. Puis ces pouvoirs et tout ce monde magique qui, depuis toujours, a existé sans qu'elle ne le sache. Tout une vie, un univers, totalement chamboulé. Les secrets sont encore nombreux, mais Tamerlane se laisse le temps des lever le voile sur chacun d'eux pas à pas.

Par son geste, Tamerlane finit par attirer l'attention d'une des barmaids. Cette jeune blonde qui revient d'un tour de salle. Son étonnant contraire. Tamy recouvre son verre de sa main en signe de négation, se préoccupant plus des observations de la serveuse dont les précisions dessinent un sourire cordial sur les lèvres de la cliente.

« — Le courage ? »

Une réponse trop laconique pour suffire à elle-même. Mais c'est une vérité attendue. Tamerlane est le genre de personnes qui ont besoin de courage pour aller vers les autres. Pourquoi se rendre dans un tel endroit alors ? Pour se frotter à ses démons, premièrement, et pour se confronter à des vérités. Notamment autour d'un nom : Halliwell.

« — J'ai entendu dire que le club appartenait à un monsieur Halliwell, c'est bien ça ? »

À cheval entre la curiosité et l'interview journalistique, bien éloignée des conversations auxquelles peut s'attendre une barmaid à minuit dans un club... Tamerlane ne sait pas vraiment dans quoi elle met les pieds en prononçant ce nom de cette façon. Loin de s'attendre à ce qu'il soit en réalité si réputé. Et pas seulement pour le club P3.

04.2024

@Abigail Jenkins

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feat @Tamerlane Proctor .

La cliente décline la proposition en recouvrant son verre de la main, indiquant qu’elle ne souhaite plus boire pour l’instant. En tout cas, elle accueille avec un sourire la curiosité de l’étudiante qui hoche la tête suite à la réponse obtenue. Le courage, une force incroyable qui nous amène à faire des choses inattendues. La dose varie en fonction de l’objectif à surmonter, mais Aby est plutôt contente de voir ce visage familier quitter l’isolement de sa table.

- Le courage donne des ailes comme dit l’expression, et parfois c’est tout simplement la réalité des faits qui confirme cette impression.

Son interlocutrice semble se prêter au jeu de la conversation, révélant qu’elle n’est pas aussi timide que pourrait le laisser penser son comportement. Elle s’enquiert de l’appartenance du P3 et Abigail sourit.

- Oui, c’est bien ça, le propriétaire est Wyatt Halliwell, répond-elle avec entrain et sans réticence aucune. Pourquoi vouloir cacher cette information, somme toute publique ? La jeune sorcière n’oublie pas que des démons peuvent circuler en ville, mais à cet instant, elle se trouve dans un lieu familier, en compagnie de collègues qu’elle connait et se considère en sécurité. Vous voulez le rencontrer ?

Une option qui semble découler naturellement de la question posée pour Abigail, à moins ce ne soit que de la curiosité au sujet du descendant. Alors qu’elle attend la réponse, elle est interpellée par un client qu’elle entreprend de servir. Puis elle revient vers la brune, envisageant que celle-ci pourrait peut-être connaitre Wyatt. Même si elle est proche de la famille Halliwell, Aby ne connait pas tout les tenants et aboutissants de leur vie privée.

Tamerlane sourit à la réponse d'Abigail, appréciant sa façon décomplexée d'aborder la question. Pour être serveuse dans un tel endroit, elle s'imagine qu'il faut savoir faire la conversation, même à partir de rien. C'est une qualité que Tamy n'a pas : cette faculté de parler sans autre sens que d'échanger avec quelqu'un. Venant d'une ville modeste, même les lieux de rencontres n'étaient jamais aussi peuplés que le P3. Paradoxalement, ils étaient aussi bruyants... Tamerlane les fuyait. Par réserve, mais aussi par complexe. Finalement, plus il y a de monde, et moins elle se sent jugée. De quoi la mettre un peu plus à l'aise. Dans ce club, elle pensait passer inaperçue, noyée dans la foule.

Le courage donne des ailes. C'est une belle image. Et c'est parfois ce qu'il faut pour découvrir quelques vérités inattendues. Tamerlane ne pense pas avoir fait quoi que ce soit pour provoquer l'arrivée de son frère dans sa vie, ni de toute cette magie. Elle n'en regrette rien, si ce n'est d'avoir hésité à rencontrer ses parents. Comme si un pressentiment lui hurlait que ça n'en valait pas la peine. Un an après, même pas, ils étaient morts. Alors oui, effectivement, ça n'en valait pas la peine. Mais quand même... Tamy aurait aimé avoir la chance de les connaître autrement qu'au travers de photographies jaunies par l'humidité...

Elle laisse un instant de silence flotter entre elles, réfléchissant à la réponse d'Abigail. La mention de Wyatt Halliwell fait ciller Tamerlane. Elle avait conscience de viser juste en mentionnant les Halliwells, mais l'invitation subite d'Abigail était surprenante. Un gérant de club devait avoir mieux à faire que de rencontrer n'importe quelle personne qui se présentait au comptoir. Mais elle n'allait pas laisser filer cette opportunité, si c'était aussi facile, autant en profiter.

— Wyatt Halliwell, répète-t-elle doucement, comme un besoin de peser le nom dans sa tête. Oui, je suis curieuse de le rencontrer. Quel genre de personne est-ce ?

La sorcière espérait que la serveuse le connaisse assez bien pour lui donner un premier aperçu. Le monde magique est tellement nouveau pour Tamerlane qu'elle ne sait vraiment pas à quoi s'attendre, ni dans quoi elle met les pieds en voulant enquêter sur les Halliwells. Tout ce qu'elle sait, c'est qu'ils peuvent avoir un lien avec sa famille, et c'est tout ce qui semble compter pour le moment. Loin de s'imaginer à quel point ce nom résonne dans toutes les sphères magiques... et à quel point celui des Proctors n'est qu'une goutte d'eau dans l'océan, finalement.

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feat @Tamerlane Proctor .

Son interlocutrice répète le nom de Wyatt comme pour se l’approprier. En tout cas, elle répond favorablement à la proposition d’Abigail qui hoche la tête.

- Il n’est pas là ce soir, mais je peux prendre votre nom et numéro de téléphone ainsi que le motif si vous en avez un, et je lui transmettrai votre demande, répond-elle avec naturel avant d’entreprendre de fournir une réponse à la dernière question.

Aby en déduit que sa cliente ne connait pas le fils Halliwell sinon elle ne lui demanderait pas ce genre de détail. La jeune étudiante s’accorde un moment de réflexion en attrapant un carnet et un stylo qu’elle pousse vers la demoiselle. Elle se demande ce que cette dernière aimerait savoir et elle décide de rester sur des informations ne révélant pas trop de la vie privée de son employeur.

- C’est un homme qui prend soin de sa famille et ça peut s’étendre à ses employés, précise-t-elle avec un sourire joyeux. Abigail n’a aucune critique à formuler envers Wyatt par rapport au P3. Elle ajoute qu’il peut se montrer consciencieux, apportant d’autres détails avec un éclairage plutôt axé relation professionnelle. Je suis quasi certaine que vous aurez les mêmes retours de la part des autres employés. Abigail arbore toujours sa mine joyeuse, tel un écho à l’ambiance festive de la soirée et à son haut azur chatoyant. Et vous ? Dites m’en un peu plus à votre sujet…

Considérant en avoir dit suffisamment sur le fils ainé de Piper, Aby retourne la question vers la brune, ce qui lui permettrait d’en savoir un peu plus sur sa cliente si celle-ci veut bien partager quelques éléments avec elle.

Tamerlane observe la serveuse d'un regard profond, tentant de sonder les intentions derrière ses paroles. Elle y décèle une certaine sincérité et de la bienveillance. Elle lui propose de prendre son nom et son numéro de téléphone pour transmettre sa demande à Wyatt Halliwell. Une démarche courtoise qui simplifiera les échanges futurs.

Elle laisse échapper un léger soupir tout en souriant, consciente d'ignorer où sa curiosité la mène, et sans savoir si elle veut vraiment aller dans cette voie. Mais c'est trop tard pour reculer maintenant.

— Tamerlane Proctor, répond-elle pour se présenter officiellement, son nom résonnant dans l'air comme un écho du passé. Elle recueille le carnet et le stylo d'un geste assuré, griffonnant son numéro avec soin. Son écriture transpire une élégance qu'elle n'a pourtant acquise que récemment, mais c'est vrai qu'elle a toujours eu une belle écriture ! Merci, j'apprécie votre aide... un suspend dans sa voix en appelle à un prénom à mettre sur ce doux visage de serveuse.

Le regard de Tamerlane sonde ses traits avec attention. La jeune femme lui a donné quelques détails sur Wyatt Halliwell, des détails professionnels qui laissent peu de place à l'intimité, mais apporte déjà une idée générale du personnage. Elle ne peut s'empêcher de se demander ce que cache une attitude si policée... Il doit bien avoir un peu de noirceur en lui, quelques défauts ? Tamy ne peut s'empêcher de considérer chaque personne avec une part de cynisme.

— Vous avez l'air d'apprécier votre travail ici, ajouta-t-elle, sa voix douce et énigmatique. Tout le monde a l'air très investi dans son travail, comme si vous étiez une grande famille, suggéra Tamy.

Le contraste entre la gaieté de la serveuse et le pessimisme latent de Tamerlane paraît sublimer leurs deux personnalités si distinctes.

— Et moi... Un sourire embarrassé, gêné. Elle ne va pas lui avouer comme ça qui elle est réellement, c'est risqué. Alors, elle hésite, tourne son verre dans le vide pour occuper ses mains. Disons que je suis en quête de vérité, comme beaucoup d'entre nous. Et vous, quelle est votre vérité ?

Un regard plissé, l'œil curieux, un sourire à la commissure des lèvres. Tamerlane n'a jamais été douée pour parler d'elle, ou pour faire parler les autres d'eux-mêmes. Mais au vu de son intérêt manifesté pour Wyatt, elle devait bien à la serveuse d'entrer dans ce jeu de nouvelle rencontre.

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feat @Tamerlane Proctor .

Tamerlane Proctor. Aby peut enfin mettre un nom sur le visage qui lui fait face. Un prénom sortant de l’ordinaire, mais c’est plutôt le patronyme qui éveille un écho dans la mémoire de la sorcière. Elle a étudié l’époque des procès de Salem et Proctor est un des noms mentionnés dans les archives. A-t-elle affaire à une sorcière ? Cela serait guère étonnant compte-tenu de l’activité magique dans la ville et les personnes dotées de pouvoirs restent discrètes sur leur magie.

- Abigail, répond la jeune femme à l’invitation sous-entendue par la phrase en suspend. Pas de souci, si je peux aider je le fais, ajoute-t-elle avec un sourire en récupérant le carnet. Je transmettrai tout ça à Wyatt dès demain. Elle prend une inspiration avant de poursuivre. C’est drôle, votre nom me fait penser à Salem, y-a-t-il un lien ?

Autant poser la question pour en avoir le cœur net. Puis Tamerlane évoque l’ambiance de travail du P3. Aby porte son attention sur le reste du personnel présent ce soir, sur leur activité du moment que ce soit l’accueil de nouveaux clients, la réception de commandes, le nettoyage du comptoir, les échanges conseils et autres discussions… Elle reporte son attention sur son interlocutrice.

- Effectivement, on peut dire ça. Wyatt a réussi à nous faire sentir comme une famille ici, c’est ce qui rend plaisant notre travail. Une manière de lui rendre la pareille pour toute l’attention qu’il nous porte.

Abigail connait Wyatt depuis de nombreuses années, même si leur différence d’âge peut créer une légère distance suivant les sujets. Mais la mort de ses parents, oncles et tantes ont modifié son comportement et son approche, donc il est tout à fait possible qu’il se montre moins avenant, moins ouvert avec des inconnus. L’étudiante hausse les sourcils, surprise par la réponse de Tamerlane et la question qui en découle. Son visage se fait pensif. Sa vérité ? Abigail n’est pas certaine de comprendre et elle ne s’est jamais posé ce genre de question.

- La vérité ? A quel sujet ? Il y a de nombreuses vérités selon ce qu’on cherche et ce qu’on croit non ? Quant à moi… Quelques secondes de réflexion. Je suis une étudiante finançant une partie de ses études en travaillant au P3.

Après tout, c’est une part de la vérité la concernant, des informations peu engageantes de son point de vue. L’autre restera un secret, pour l’instant.

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