Nocturne à la librairie (Briar)

Nocturne à la librairie

Pas de piste depuis un moment. Longtemps, lui aurait t-il semblé. Peut-être pas tant en réalité, mais voilà bien un concept relatif, le temps. Car à quelqu'un qui jugerais que n'avoir aucune avancée depuis deux semaines ce n'est rien, à Desmond qui poursuivait sa quête depuis des années cela lui semblait interminablement long, quatorze putains de jours sans la moindre nouvelle information.

C'est ainsi que dans le de la soirée, après avoir bossé sans réelle motivation, juste dans le but de gagner assez d'argent pour vivre, ou peut-être aurait-il plus fallut parler de survie au vue des conditions que ce petit revenu lui imposait, il était rentré chez lui, ce petit appartement de 11 mètres carrés n'offrant que le strict minimum de vie dans un condensé de deux pièces séparées d'une simple porte de bois sans serrure. Un cage plus qu'autre chose dans la qu'elle il posa ses affaires avant de prendre sa veste et de repartir aussi vite qu'il était arrivé.

Il avait besoin de se changer les idées. Besoin de voir un visage familier, un visage amical et encourageant. Simplement besoin d'un peu de compagnie aussi, lui qui s'était pas mal isolé ces derniers temps pour suivre des pistes, aussi futiles et minimes soit elles. Mais Desmond était persuadé que sa détermination et sa minutie finiraient par payer, le conduirais à ce qu'il cherchait, même sans être un sorcier. Il lui fallait juste une nouvelle base.

C'est ainsi qu'à 19 heure, il passa la porte de cette petite librairie qui était devenue comme un second chez lui. Un lieu connu et rassurant, quelque part. Briar n'était pas là semblait t-il. En tout cas il ne la vit pas, mais peut-être s'occupait t-elle d'un autre client ? La librairie ne fermerait pas cette nuit, pas si tôt en tout cas, l'homme savait qu'il pouvait venir. Ils avaient convenus de cela ensemble, deux jours plus tôt. Parce que cela faisait un moment qu'il n'était pas venu, trop occupé entre suivre de mauvaises pistes et son travail éreintant pour gagner sa vie. Le sol craqua sous ses pas, et un sourire lui échappa à retrouver le son familier de ce vieux plancher de bois.

Desmond pris un livre dans l'une des étagères bien organisées de la libraire. Livre parlant d'une espèce de démon qui lui avait indiqué une piste qu'il n'avait pourtant pas trouvée. Ce n'est pas qu'elle menait nul part, non, c'est juste qu'il se trouvait dans une étrange impasse. Le démon qu'on lui avait évoqué lui était introuvable. Quelque chose de bien contrariant, ce fut du moins la pensée qu'il eu en s'asseyant sur la première chaise à sa disposition, serrant la mâchoire sous l'effet du mécontentement. "Hm hm." Entendit il juste à côté de lui, là, à deux pas de sa chaise se tenait une femme maigrelette d'environ 1m65 qui désigna du menton la chaise où il était assis "Ah.. C'est que, j'aimerais bien récupérer mon manteau" lâcha t-elle comme si elle avait peur de le déranger. C'est qu'il pouvait avoir un air patibulaire, Desmond, quand il se plongeait dans ses recherches.

Il se leva, pris le manteau, le tendis à la jeune femme avoir de se rasseoir. Pourtant elle ne partit pas, le plancher ne craqua pas sous ses pas, il tourna donc le regard vers elle sans comprendre. La femme semblait à peine oser reprendre pourtant elle lâche d'une voix un peu étranglés quelques mots encore "Heu.. Mon sac..", il tourna la tête vers l'autre côte de la chaise où pendait le fameux ustensile. Il soupira, se leva et la femme vint récupérer son bien tendis qu'il s'éloignait ailleurs avec son livre, choisissant cette fois sa place, un lieu plus isolé où les encens brûlaient solitairement en silence. Parfait pour se replonger dans ses recherches.

(code) awona (icons) shitedits + virtuemoiresre-sources // avec @Briar Bishop

Pour Briar, chaque habitué ressemblait à un protégé. Sans la dimension céleste des êtres de Lumière. Cependant, certains de ces habitués étaient plus que ça. L'échange était d'une réciprocité implicite. Ainsi, leur seule présence assurait à la gérante d'être apaisée, de se sentir entière. Desmond était l'un de ces habitués. Plus que les autres, elle y voyait un reflet de ce qu'elle aurait pu être si son neveu n'avait pas éradiqué le démon qui avait disloqué sa vie. Bien que la vengeance ait apaisé sa colère, recollé les morceaux est mission impossible. Et ce, depuis onze ans déjà.

Elle aurait pu se remarier, devenir mère, mais non. Elle a préféré se réfugier dans les souvenirs partagés avec son défunt époux. Un homme qui fait indéniablement partie d'elle, mais qui aurait, depuis le temps, préféré qu'elle refasse sa vie. Briar s'est oubliée. Se concentrant sur cette librairie qui est littéralement toute sa vie. Elle ne chasse plus les démons. Prend soin de son neveu, Amos, et de sa fratrie. Sa vie n'est plus qu'une ombre que l'on ne peut soupçonner au premier abord. Cette femme si souriante, bienveillante, naturelle et avenante. On n'imagine pas l'obscurité qui l'habite.

Par procuration, Bree exprime ces ténèbres qui la tourmentent en silence. Car son combat fait écho à celui qu'elle a vécu. Sans s'imposer à lui, sans jamais forcer les choses, la libraire s'est contentée d'accueillir cet homme. L'a appris au fur et à mesure des lectures qui l'intéressaient. Depuis ce temps, ils se sont apprivoisés, familiarisés l'un à l'autre. Et Briar aime voir sa silhouette traverser l'encadrement de l'accueil.

19h. Briar restait ouverte tant qu'il y avait du monde, c'était sa règle d'or. Jamais personne n'est éconduit. Ce qui allonge parfois les journées. Elle se le permet surtout parce qu'Amos est là pour prendre le relais en temps partiel. Mais ce soir, c'était particulier. Desmond l'avait prévenue qu'il souhaitait passer un peu de temps à la librairie aujourd'hui. Bree avait remarqué la silhouette familière de Desmond pénétrer dans sa librairie à l'heure convenue. Son cœur se serra légèrement en voyant l'expression fermée et le poids visible de la fatigue sur son visage. Malgré tout, sa présence dans sa librairie apportait un réconfort qu'elle n'expliquait pas.

Pour autant, elle ne négligea pas ses derniers clients qui furetaient dans les rayonnages. Briar termina rapidement ses tâches avant de verrouiller la porte d'entrée. Les lumières tamisées et l'odeur apaisante de l'encens créaient une atmosphère sereine, propice à la réflexion et à la recherche. Elle fit un tour rapide des lieux, s'assurant que tout était en ordre avant de se diriger vers l'arrière-boutique. Là, elle prépara une infusion spéciale de thé aux herbes provenant du Vilice Herbalist's Shop tenu par son amie Alice. Elle y ajouta une pincée de potion relaxante, destinée à apaiser les esprits tourmentés et permettre à son invité d'honneur d'être plus tranquille, plus concentré. Rien d'invasif, et tout de maîtriser. Les potions étaient un art dans lequel Bree excellait !

Avec un plateau contenant deux tasses fumantes, Briar revint discrètement vers Desmond, plongé dans un livre sur les démons. Bree s'arrêta à quelques pas de lui, observant en silence l'homme dont la quête de vengeance l'avait transformé en une ombre qui résonnait en elle. De par sa présence solide et pourtant si fragile, Desmond semblait incarner cette douleur muette qui habitait son propre cœur depuis si longtemps. Chaque fois qu'elle posait les yeux sur lui, elle voyait un miroir de son propre chagrin. Doucement, elle posa le plateau sur la table à côté de lui et attendit qu'il relève la tête.

— Je pensais que tu aurais peut-être besoin de ça, dit-elle doucement en désignant la tasse de thé. Parfois, une pause nous aide à y voir plus clair, ajouta la sorcière avec un sourire d'une grande tendresse.

Elle observa les livres qu'il avait consultés, essayant de connecter le fil rouge de ses recherches. Expressive, elle ne put s'empêcher de froncer les sourcils. Sans certitude, Briar se mit à penser que Desmond ne trouvait pas ce qu'il cherchait.

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